Les conseils de Cohn-Bendit au nouveau président français

Par Propos recueillis par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  446  mots
Le député vert européen Daniel Cohn-Bendit/Copyright Reuters
Daniel Cohn-Bendit, coprésident du groupe des Verts au Parlement européen, ne se contente pas de railler les ambitions ministérielles de ses camarades parisiens mais distille ses recommandations sur la manière de s'y prendre en Grèce, de relâcher la pression des marchés ou encore de stimuler la croissance. Plutôt optimiste, il estime qu'Angela Merkel n'a "simplement pas les moyens d'opposer une fin de non recevoir aux demandes de François Hollande.

Pour éviter un coup d'Etat en Grèce, le moment est venu de modifier le memorandum signé l'an dernier et de mettre en place de toute urgence un plan d'aide sociale. Question d'efficacité politique mais aussi de principe. Que l'élection ne puisse plus changer une politique économique arrêtée à Bruxelles par les chefs d'Etat et de gouvernement est "incroyable", dit Daniel Cohn-Bendit, celui qui fut l'un des rares à soutenir l'idée du Premier ministre George Papandréou d'organiser un référendum en 2011. Ensuite, "il faut trouver un moyen de baisser le coût de financement des Etats." Et de prendre l'exemple italien. "On ne peut pas dire que Monti n'a pas fait son boulot. S'il reste avec un taux de 5 ou 6%, il peut rentrer à la maison." Or "la seule proposition qui existe", dit-il, "c'est le fond d'amortissement" des dettes proposé par le groupe des économistes allemands. C'est en tout cas la seule apparemment compatible avec la loi constitutionnelle allemande.

Créer une taxe sur les transactions financières

Enfin, en fédéraliste convaincu, il estime que "le vrai débat sur la croissance, c'est le débat sur les perspectives financières", autrement dit sur le budget européen. La clé réside dans la création de la fameuse taxe sur les transactions financières. Si "on arrive à 50 milliards de recettes par an, en année 1, on en garde 20 pour baisser les contributions des Etats membres et 30 pour recapitaliser la BEI (Banque européenne d'investissement)". De quoi faire levier et dégager 300 milliards d'euros. Pour quoi faire?  "Le financement de la transition énergétique. Cent millions d'Européens vivent dans la précarité énergétique. Il faut un grand programme de rénovation de l'habitat. Ce ne sont pas des emplois délocalisables." Une autre idée? "Un consortium industriel" pour développer les tramways et améliorer la mobilité dans les villes. Et à partir de la troisième année, on coupe la poire en deux : "25 milliards pour baisser les contributions nationales, et 25 pour rembourser la BEI."

Merkel ne peut pas opposer une fin de non-recevoir aux demandes de Hollande

Rassurant, le député écologiste estime que la chancelière allemande n'a simplement pas les moyens d'opposer une fin de non recevoir aux demandes hollandistes. "Pour son pacte fiscal, Merkel a besoin d'une majorité des deux tiers, donc du SPD", les démocrates-sociaux actuellement dans l'opposition et alliés en Europe au parti socialiste français. "Si elle ne se met pas d'accord avec la France, elle n'aura pas de ratification chez elle", tranche-t-il. Voilà de quoi aider le nouvel hôte de l'Elysée à peaufiner son memorandum européen.