La pression allemande sur la Grèce ne se dément pas

Par Romaric Godin  |   |  438  mots
Manifestation en juin 2011 devant l'ambassade d'Allemagne à Athènes. Copyright AFP
Plusieurs dirigeants allemands ont prévenu ce samedi que si Athènes finit par refuser le mémorandum, elle ne recevra plus d'aide européenne. L'option de la sortie de la Grèce de la zone euro reste évoquée outre-Rhin.

 La pression allemande sur la Grèce ne faiblit pas. Non content de sermonner François Hollande, le président de la Buba Jens Weidmann, a, dans son interview à la Sûddeutsche Zeitung, prévenu que « les pays payeurs doivent aussi se justifier devant leurs population ». « Si Athènes ne tient pas ses engagements, ce sera une décision démocratique, mais alors il en découlera que les conditions pour le versement de nouvelles aides ne seront plus respectées », a-t-il ajouté, estimant qu'une sortie de la Grèce de la zone euro aurait « des suites plus graves pour la Grèce que pour le reste de la zone euro ». Vendredi, Wolfgang Schäuble avait également envisagé une telle perspective avec calme, jugeant que « la zone euro pourrait survivre à un départ de la Grèce ».


Pas d'aide supplémentaire si la Grèce refuse le mémorandum


Les propos de Jens Weidmann ont été soutenus par d'autres déclarations de dirigeants allemands. Dans une interview accordée au quotidien Die Welt de ce samedi, le ministre fédéral des Affaires étrangères Guido Westerwelle, affirme lui aussi que « si un nouveau gouvernement dénonce unilatéralement l'accord signé avec l'UE, alors il ne pourra plus y avoir de nouveaux versements de l'aide européenne ». Et d'ajouter : « nous voulons que la Grèce réussisse, mais les Grecs doivent tenir leurs engagements de réforme ». Dans l'hebdomadaire Focus, le chef du groupe parlementaire CDU Volker Kauder rappelle à Athènes que « les conditions pour obtenir de nouvelles aides sont claires et non négociables ». En d'autres termes, Berlin ne laisse guère le choix aux électeurs grecs : ou ils acceptent le mémorandum, ou ils devront se passer de l'aide européenne et, alors, vraisemblablement, sortir de l'euro.


Stratégie d'intimidation et de désamorçage


Ces déclarations ont évidemment une fonction d'intimidation. Il s'agit, dans la perspective d'une nouvelle élection du parlement grec de convaincre les Grecs de soutenir les partis favorables au Mémorandum, autrement dit le Pasok et la Nouvelle Démocratie. Cette stratégie semble cependant ne pas fonctionner. Les derniers sondages publiés laissent plutôt penser que ces deux partis sortiront encore affaiblis d'un nouveau scrutin. Alors, les dirigeants allemands tentent également d'habituer progressivement les marchés et les populations à l'idée d'une sortie de la Grèce de la zone euro, et également d'insister sur le « choix » grec, afin de réduire le plus possible les conséquences de ce premier départ de l'Union économique et monétaire. L'enjeu étant évidemment de limiter le plus possible la contagion.