Les députés européens votent une entorse à la consolidation budgétaire

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  408  mots
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L'idée d'un pacte d'amortissement des dettes commun à l'eurozone devra être étudiée par les ministres des finances. De son côté, le président de l'Eurogroupe Jean-Claude Juncker tente de calmer le jeu sur la Grèce.

Une fissure est apparue hier dans le bloc compact formé par les gouvernements européens autour de la politique de consolidation budgétaire à marche forcée défendue par Bruxelles et Berlin. Elle n'est pas venue de la France qui était représentée à la réunion des ministres des finances de l'eurozone par le directeur du Trésor, en attendant l'arrivée du nouveau locataire de Bercy. Elle est arrivée du Parlement européen qui a demandé mardi la création d'un pacte d'amortissement des dettes.

Cette idée, proposée fin 2011 par un groupe d'économistes allemands, vise à étaler dans le temps le remboursement de l'excès de dette des pays de la zone euro afin de réduire l'effet récessif de la consolidation budgétaire. L'idée n'a été adoptée en commission des affaires économiques et monétaires qu'à une courte majorité et sous réserve que la Commission mène une étude de faisabilité. Elle devrait être confirmée prochainement par un vote en plénière.

Assouplissement des nouvelles règles budgétaires

Dans le même esprit, les députés ont plaidé pour un assouplissement de l'application des nouvelles règles budgétaires, de façon à mieux tenir compte du cycle économique. Ces propositions devront être discutées par les ministres des finances, si elles sont adoptées en plénière. Voilà qui devrait alimenter le débat entre gouvernement sur la pertinence de la stratégie de consolidation budgétaire accélérée poursuivie actuellement.

Pendant ce temps, Jean-Claude Juncker, qui présidait une réunion des ministres de la zone euro dominée par la crise grecque, tentait de calmer le jeu après une série de récentes déclarations sur une possible sortie de la Grèce de l'union monétaire. « Nous ferons tout pour conserver la Grèce dans la zone euro », a-t-il dit après la réunion, qualifiant de "propagande" et de "provocation" les déclarations récentes de plusieurs dirigeants européens. Plus important, le Luxembourgeois a semblé ouvrir la voie à une révision des objectifs de consolidation budgétaire, lesquels semblent de toute façon de moins en moins réalistes. Mais, a-t-il ajouté, la constitution d'un gouvernement de plein exercice à Athènes est un préalable. Les chefs d'Etat et de gouvernement se retrouveront le 23 mai à Bruxelles pour un dîner informel consacré à la "croissance".