Les Grecs sont en colère contre Christine Lagarde

Par Robert Jules, avec AFP  |   |  538  mots
Christine Lagarde/ Copyright AFP
La directrice du Fonds monétaire international (FMI), dans un entretien dans la presse britannique, a tenu des propos critiques à l'égard des Grecs, qui ont entraîné une importante réaction via Internet.

La réputation du Fonds monétaire international (FMI) en Grèce, qui n'était déjà pas bonne en raison des mesures d'austérité imposées en échange d'une aide, n'est pas prête de s'améliorer. Les propos de Christine Lagarde, sa directrice exécutive, rapportés par le quotidien britannique The Gardian ont mis le feu aux poudres, considérés par Athènes comme désobligeants.

10.000 commentaires sur la page Facebook

Dimanche, les Grecs ne décoléraient pas et continuaient d'exprimer sur internet leur profond désaccord avec les propos de la patronne du FMI Christine Lagarde qui ont suscité plus de 10.000 commentaires sur sa page Facebook et la création d'une page intitulée "Les Grecs contre Lagarde". Dimanche après-midi, la page "Les Grecs contre Lagarde" a été ouverte, une page "à travers laquelle le créateur explique vouloir "montrer le mécontentement de la nation contre Lagarde".

Dans un entretien publié samedi par le quotidien britannique The Guardian, Mme Lagarde a estimé qu'ils devraient "commencer par s'entraider collectivement" en payant leurs impôts, se disant moins préoccupée par leur sort que par celui des enfants d'Afrique. "Personne ne devrait humilier un peuple quand il connaît une crise", a rétorqué Evangelis Venizelos, le leader du parti socialiste grec, le Pasok.

Baisse des salaires et des pensions

Les commentaires, écrits dans un style plus ou moins châtié, ont depuis répondu au message de conciliation qu'elle a adressé à la Grèce sur sa page Facebook pour calmer le jeu. "Vous devriez dire ça aux proches des 3.000 Grecs qui se sont suicidés, et au million de chômeurs", lance un internaute qui écrit sous pseudonyme.

De très nombreux internautes ont relayé les difficultés rencontrées dans un pays marqué par quatre années de récession et de réformes draconiennes dictées par le FMI, l'UE et la BCE en échange de prêts visant à éviter la banqueroute au pays. Ces mesures se sont notamment traduites par des baisses de salaires et des pensions.

"Mon mari et moi sommes des retraités de la fonction publique. Evidemment, vous ne serez pas surprise si je vous dis que nos pensions ont été amputées d'environ 500 euros, qu'on paie une taxe d'habitation exorbitante, que nous payons nos médicaments parce que la sécu ne nous couvre plus et que nous devons soutenir notre fille au chômage", témoigneChristina Tsekoura.

Les Grecs doivent choisir leur avenir le 17 juin

"Ce que vous ne savez pas (...) c'est que ma famille ne doit pas un seul euro aux impôts, ni à une agence publique ni à la banque, en Grèce ou à l'étranger. Nous sommes constants dans nos obligations", ajoute-t-elle.

Les propos de Christine Lagarde, ont pris un écho particulier dans un contexte où les Grecs doivent choisir leur avenir à l'occasion de la tenue de nouvelles élections législatives le 17 juin après l'impossibilité de dégager une majorité susceptible de gouverner le pays. Les électeurs se sont portés sur des partis qui rejettent la politique d'austérité imposée par les bailleurs de fonds.Un scénario de sortie de l'euro est de plus en plus envisagé.