La BCE maintient son taux directeur à 1% et prolonge son soutien aux banques

Par latribune.fr  |   |  804  mots
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La Banque centrale européenne (BCE) a annoncé ce mercredi qu'elle laissait son principal taux directeur inchangé à 1%, son plus bas niveau historique retrouvé en décembre. L'institution a en outre décidé de prolonger sa politique accommodante en faveur des banques en leur offrant des liquidités à taux fixe et montant illimité au moins jusqu'au 15 janvier 2013.

A Francfort, la Banque centrale européenne (BCE), qui réunissait son conseil des gouverneurs mercredi, a annoncé qu'elle maintenait son principal taux directeur inchangé à 1%, son plus bas niveau historique retrouvé en décembre. Cette décision était attendue par la majorité des économistes, même si en raison de la résurgence de la crise en zone euro, alimentée par les déboires grecs et les inquiétudes sur la fragilité du système bancaire espagnol, certains espéraient une baisse des taux.

Prolongement de la politique accommodante en faveur des banques

Autre décision, particulièrement attendue sur les marchés, celle concernant la politique de soutien aux banques de la zone euro par la BCE. Les prêts à une semaine et un mois sont prolongés jusqu'au 15 janvier 2013 pour le moment, a annoncé son président Mario Draghi. Concernant les prêts à trois mois que la BCE devait arrêter de proposer fin juin, ils sont prolongés jusqu'en décembre 2012.

Pas de nouveau LTRO envisagé

Mario Draghi a en revanche laissé entendre qu'une troisième opération de refinancement à long terme (LTRO) n'était pas à l'ordre du jour. "Certains des problèmes de la zone euro n'ont rien à voir avec la politique monétaire", a-t-il déclaré. "C'est ce dont il faut que nous soyons conscient et je ne pense pas que ce soit une bonne chose que la politique monétaire compense l'inaction d'autres institutions", a-t-il ajouté. En début d'année, l'injection de plus de 1.000 milliards d'euros de liquidités par la BCE dans le cadre de deux opérations de refinancement à trois ans, l'une en décembre l'autre en janvier, avaient permis de calmer les inquiétudes sur l'accès à la liquidité des banques européennes.

Interrogé sur l'éventualité de nouveaux LTRO, Mario Draghi a souligné que de nombreux indicateurs de stress étaient désormais légèrement moins tendus qu'en novembre, juste avant l'annonce des opérations de refinancement à long terme. Il a souligné que la question était désormais de savoir si ces mesures étaient réellement efficaces. "Nous devons vérifier exactement quelles sont les conditions de financement des banques. Nous ne pensons pas que toutes les possibilités offertes par le second LTRO aient été totalement exploitées", a-t-il déclaré.

Des risques accrus sur le front économique

Mario Draghi a fait état de risques accrus sur le front économique. "La croissance économique dans la zone euro reste faible avec une incertitude renforcée qui pèse sur la confiance et le sentiment, se traduisant par des risques baissiers accrus sur les perspectives économiques", a-t-il déclaré. L'inflation n'est pas un sujet d'inquiétude. "Les taux d'inflation devraient rester au-dessus de 2% pour le restant de 2012. Sur l'horizon pertinent pour la politique monétaire, nous nous attendons à ce que les développements concernant les prix restent conformes à leur stabilité. Dans le cadre de ce contexte, le rythme sous-jacent de l'expansion monétaire reste limité".

La conjoncture étant à la peine, les risques pesant sur les prix étant "globalement équilibrés" et la BCE étant "prête à agir", certains économistes anticipent déjà une baisse des taux pour la réunion de juillet. Ce mercredi, le président de la BCE a d'ailleurs admis que "certains membres" du conseil des gouverneurs "auraient préféré une baisse des taux aujourd'hui". Les jeux ne sont pas faits, prévient cependant Holger Schmieding, de la banque Berenberg, la BCE a certes ouvert la porte à cette éventualité mais "beaucoup moins clairement que les marchés ne l'espéraient".

Le MES au secours des banques ?

Interrogé sur des aides directes du MES aux banques, le président de la BCE a expliqué que permettre au mécanisme de secours de la zone euro MES d'aider directement les banques impliquerait "des changements" dans sa configuration, car il n'a pas été créé pour devenir actionnaire des banques. Une telle solution présenterait néanmoins l'avantage de permettre une recapitalisation des banques sans alourdir la dette de leur pays.
Le MES est un mécanisme de prêts et de garanties de prêts qui doit venir en aide aux Etats de la zone euro en faisant la demande. Il est en cours de ratification, et doit entrer en vigueur au 1er juillet pour la zone euro. Madrid aimerait que les banques espagnoles aux abois puissent avoir recours à ces fonds, mais Berlin notamment est opposé à une aide directe du MES, ou de son prédécesseur le FESF, aux institutions financières. Le gouvernement allemand insiste sur le processus mis en place, qui prévoit que seul un Etat puisse demander de l'aide, et se voie imposer en échange des conditions strictes.
Mais cet argument sur les conditions à fixer avancé par l'Allemagne "n'est pas forcément vrai", a jugé M. Draghi.