L'Allemagne adoptera le pacte budgétaire le 29 juin

Par Romaric Godin  |   |  567  mots
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L'opposition et la majorité au Bundestag ont convenu de se mettre d'accord pour adopter le jour même du sommet européen le pacte budgétaire et le mécanisme européen de stabilité. Un échec pour François Hollande.

La rencontre d'hier entre Jean-Marc Ayrault et les dirigeants du SPD n'aura donc servi à rien. Ce jeudi, l'opposition et la majorité allemandes ont indiqué qu'ils s'étaient mises d'accord pour un vote du pacte budgétaire et du Mécanisme européen de stabilité (MES) par le Bundestag et le Bundesrat le 29 juin prochain. Les deux parties estiment donc que le prochain sommet du 21 juin sur le sujet devrait permettre de lever les dernières difficultés qui subsistent entre eux.

Une victoire pour Angela Merkel

Pour Angela Merkel, c'est une victoire importante. Elle a longtemps négocié pour obtenir cet accord de l'opposition dont elle avait besoin - une majorité des deux tiers étant nécessaire pour valider les deux textes qui modifient la constitution allemande. Elle était sous la pression constante du SPD social-démocrate qui pouvait faire monter les enchères, notamment en réclament un alignement sur le programme de relance de François Hollande, et qui n'excluait pas voici encore quelques jours un vote à la rentrée. Le déplacement de la Troïka du SPD hier après un sommet à la chancellerie sur le sujet était ainsi un signal envoyé à Angela Merkel. Mais comme le SPD n'avait guère intérêt à s'aligner sur Paris, il a préféré tirer ce qu'il pouvait de la position de faiblesse de la chancelière, notamment une taxe « Tobin » dont les détails seront sans doute connus le 21 juin.

Berlin en position de force au sommet européen

La chancelière va désormais pouvoir arriver au sommet de Bruxelles les 28 et 29 juin l'esprit tranquille de ce côté. L'adoption par l'Allemagne, immédiatement après ce sommet, et avec les voix du SPD, du couple MES-Pacte budgétaire signifie clairement qu'il ne peut y avoir de renégociation de ce dernier. C'est la mort du « volet croissance » voulu par le président français. Reste la possibilité d'un pacte de croissance en parallèle. SPD et CDU vont négocier une stratégie commune dans les jours qui viennent sur ce point qui ne sera certainement pas très ambitieuse et devrait plus tenir aux réformes structurelles qu'aux initiatives de relance keynésiennes. Pour François Hollande, imposer ses vues sera donc très délicat. Et il lui sera désormais difficile de ne pas faire adopter le pacte par le parlement français.

Le choix fédéraliste

D'autant plus que le sommet devra traiter de sujets plus urgents : la Grèce et l'Espagne. Là encore, la chancelière, qui a pris des accents très fédéralistes ces derniers temps, pourrait avancer sur des propositions d'intégration plus forte, dans un sens évidemment très « allemand ». Elle a, ce jeudi, défendu à nouveau l'intégration politique et l'union bancaire. Une position qui pourrait rallier à elle de nombreux pays, même ceux touchés par la crise. François Hollande risque là encore d'être dos au mur, car il sait que cette option fédéraliste risque de faire grincer des dents dans sa nouvelle majorité. Autrement dit, avec ce vote du 29 juin, Angela Merkel a réussi sa contre-offensive après quelques semaines de faveurs pour le président français et ses initiatives de croissance. Quant à l'alliancePS-SPD, elle s'effondre à peine née, brisée par les réalités nationales et politiques des deux pays.