Cet édito du Financial Times allemand qui met les Grecs en colère

Par latribune.fr  |   |  525  mots
Le "FTD" appelle à voter les Grecs contre Alexis Tsipras, 38 ans, chef de fil du parti grec Syriza - Crédit AFP
Le quotidien économique Financial Times Deutschland, dans son édition de ce vendredi, appelle, en grec, les électeurs héllènes à voter contre le parti Syriza. Une prise de position très mal reçue par les principaux intéressés, même à droite, pourtant préférés par le journal allemand.

Le quotidien économique Financial Times Deutschland s'immisce dans les législatives grecques. A trois jours d'un vote crucial pour le pays, le journal publie un double éditorial, dont une version est écrite en grec, où les citoyens hellènes sont appelés à voter contre le parti d'Alexis Tsipras. Ce dernier, à la tête du parti de gauche radicale Syriza, a annoncé qu'en cas de victoire, il abandonnerait le mémorandum sur l'austérité imposé par les créanciers du pays (Union européenne et Fonds monétaire international). Une position qui, si elle triomphe dimanche, pourrait contraindre le pays à sortir de la zone euro. Et ce, même si Syriza prône le maintien de la monnaie unique.

"Résistez à la démagogie d'Alexis Tsipras et de son Syriza. Ne faites pas confiance aux promesses selon lesquelles on peut mettre fin aux accords tout simplement, sans conséquences", lance le journal qui explique:"C'est seulement avec les partis qui acceptent les conditions des bailleurs de fonds internationaux que votre pays pourra garder l'euro". La consigne de vote est claire : "votre pays ira mieux avec une coalition conduite par Antonis Samaras (du parti de droite Nouvelle-Démocratie NDLR) que par Tsipras, qui veut revenir en arrière et fait miroiter un monde qui n'existe pas".

Tollé général en Grèce

Cet éditorial, où le "FTD" dit faire une "exception" en prenant parti de cette manière est très mal reçu par ses principaux destinataires. Au premier rang: les membres de Syriza qui dénoncent dans un communiqué "intervention crue et sans précédent, qui offense la dignité nationale et cherche à saper la démocratie". "La seule chose qui pourrait encore arriver après cette intervention provocatrice et insultante" serait que la chancelière allemande et son ministre des Finances "viennent distribuer des bulletins de vote pour la droite dimanche", a, de son côté, ironisé un de ses dirigeants du parti radical, Dimitris Papadimoulis.

"Nous sommes un peuple fier"

Même la droite s'est offensée de cette initiative. "Nous sommes un peuple fier", a rétorqué un porte-parole des conservateurs de Nouvelle-Démocratie, parti donné gagnant par une série de sondages au début du mois. "Nous ne voulons pas de consignes (...) nous ne voulons pas de provocations et de machinations", a-t-il déclaré. Le journal a pourtant appelé à voter pour son parti, même s'il estime que ce dernier "mené pendant des décennies une mauvaise politique".

La socialiste Anna Diamantopoulou, a pour sa part déploré une "effrayante inconvenance politique", accusant le FT-Deutschland de fonctionner comme une "annexe d'Avghi", le quotidien organe de Syriza. Elle a accusé des cercles allemands de vouloir pousser la Grèce à la faute "pour la conduire hors de l'euro".

De son côté, le gouvernement allemand s'est bien gardé de donner son avis. Angela Merkel avait été vivement critiquée fin mai, lorsqu'elle avait assimilé le vote du 17 juin à un référendum sur l'euro. De son côté, le président français, s'est contenté de mettre en garde les Grecs contre un signal négatif qui conduirait au fameux "Grexit".