Match UE-marchés : le but était italien mais la passe décisive française

Par Florence Autret, à Bruxelles  |   |  555  mots
Les joueurs italiens Mario Balotelli (à droite) et Antonio Cassano célèbrent leur victoire contre l'Allemagne qui les qualifie pour la finale contre l'EspagneCopyright AFP
La fraîcheur du président français alliée à l'expérience du Premier ministre italien ont fait merveille jeudi soir au conseil européen. Mais ce match là est loin d'être fini.

On a beaucoup dit que l'arrivée à l'Elysée de François Hollande avait rebattu les cartes. C'est vrai. « Les Français ont mis tous les sujets sur la table, ils ont ouvert la discussion. Cela permet d'avoir des deals beaucoup plus riches » où davantage de monde peut trouver son compte au lieu de cheminer toujours le long de l'étroite frontière entre intérêts français et allemand, expliquait une source européenne au lendemain du sommet des 28 et 29 juin.

La passe qui a fait la différence, le Pacte pour la croissance

Reste que rien n'aurait été possible jeudi soir sans l'incroyable combinaison des joueurs français, espagnol, italien et allemand. Si Monti restera comme le héros de la nuit, celui qui a permis aux politiques européens de reprendre l'avantage sur les marchés, Hollande mériterait de passer à la postérité comme l'Antonio Cassano de la rencontre. S'il n'avait pas fait à l'Italien la passe décisive, l'autre n'aurait pas pu tirer. Cette passe qui a fait la différence, c'était le Pacte pour la croissance. Monti avait bien vu que le coup tiré par le Français n'était pas assez fort, qu'il n'atteindrait pas le but. Alors, plutôt que de regarder passer la balle, il l'a stoppée, au risque de casser le jeu. Puis dans la confusion qui s'en est suivi il a shooté. Connaissant mieux qu'aucun des autres membres de l'équipe la psychologie et la tactique de l'adversaire, les marchés, Monti-Balotelli a vu l'angle auquel les autres ne pensaient pas. Mais c'est Hollande-Cassano qui avait préalablement bouleversé l'équilibre du jeu de l'équipe européenne, trop défensif, centré sur une Angela Merkel si focalisée sur la défense de ses arrières qu'elle paralysait son avant et vouait toute attaque à l'échec.

Feinte candeur

Contrairement à Cassano, toutefois, le président français n'est pas franchement un vétéran du championnat européen. Il a tout du "nouveau" récemment arrivé de sa province. Il reconnaît lui-même avec une feinte candeur qu'il ne maîtrise pas encore tous les codes. "Ce qui est compliqué, c'est le fonctionnement à Dix-Sept et à Vingt-Sept pour vous comme pour moi", confiait-il dans la nuit de jeudi quand Il s'est avéré nécessaire de jouer quelques heures à Dix-Sept.

Son prédécesseur au centre-droit, Nicolas Sarkozy aussi aimait bien faire mine de n'y rien comprendre. On l'y surprenait encore peu avant le terme de son contrat. Malgré l'expérience acquise à devoir repousser encore et encore les assauts d'adversaires surentraînés jouant à domicile sur le terrain glissant de la finance et des marchés, il lui arrivait encore de jouer avec coquetterie le rôle de l'outsider.

A la différence de son successeur, Nicolas Sarkozy voulait à toute force marquer seul en remontant la balle que lui passait l'arrière Merkel. Bref, il la jouait perso. Hollande suit une autre tactique, plus collective. Pour l'instant, être néophyte ne l'a pas vraiment gêné. Au contraire, sa fraîcheur lui a donné de l'audace. Mais au bout d'un moment, l'expérience fait la différence. Avoir réussi à garder Mario Monti sur le terrain est une excellente nouvelle mais cela ne suffira pas. Mais ce match-là n'est certainement pas fini.