La crise de la dette rattrape l'économie allemande

Par Pauline Houédé, à Berlin  |   |  479  mots
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La crise de la zone euro commence à peser sur l'économie allemande, alors que l'indice PMI des services a stagné en juin pour la première fois en huit mois. Mais les économistes écartent tout risque de récession et font toujours confiance à la demande intérieure pour tirer l'économie allemande.

L?économie allemande commence à montrer des signes de faiblesse. L?activité dans les services a stagné en juin, alors que l?indice PMI qui mesure le sentiment des directeurs d?achats du secteur est tombé à 49,9, soit juste en dessous du niveau de contraction de l?activité fixé à 50, contre 51,8 en mai. Une première, après huit mois d?expansion. Et un signe d?essoufflement, alors que la demande intérieure doit prendre le relais des exportations en berne pour soutenir l?économie allemande. En cause : la baisse des nouveaux contrats, et les inquiétudes continues concernant les perspectives économiques mondiales, note Markit, l?institut qui calcule les indices PMI. « On craint que les conditions d?activité ne continuent de se détériorer. Les fournisseurs de services sont bien moins confiants concernant leurs perspectives pour l?année qui vient qu?ils ne l?étaient en mai », écrit Tim Moore, économiste chez Markit.

Pas de récession


« Les deux indices PMI montrent clairement que la crise de la dette dans la zone euro laisse des traces sur l?économie allemande », résume Gregor Eder, économiste chez Allianz. L?indice PMI manufacturier a continué de reculer à 45,0 en juin, contre 45,2 en mai. Mais l?économiste écarte pour autant tout risque de récession et table toujours sur une croissance du PIB de 1 % en 2012 et 2 % en 2013, comme l?institut allemand pour la recherche économique (DIW) à Berlin, dans sa dernière note de conjoncture publiée ce mercredi.


La demande intérieure reste le moteur de l?économie allemande


« La demande intérieure va être le principal moteur de l?économie allemande cette année », explique l?économiste d?Allianz, qui prévoit toujours une hausse de 1 % de la consommation des ménages. Cette dernière demeurerait soutenue par le recul de l?inflation qui stimule le pouvoir d?achat et la stabilité du marché du travail. Une vision que partage l?institut DIW, qui table sur une « assez forte » demande des ménages : « Les Allemands sont certes toujours aussi désorientés, et mettent davantage d?argent de côté, mais les revenus devraient progresser de façon soutenue cette année, ce qui stimule la consommation », note l?institut berlinois.Les ventes de commerce de détail ont pourtant reculé de 0,3% sur un mois en mai outre-rhin, contre une hausse moyenne de 0,6% dans l?Union européenne selon les chiffres d?Eurostat. Mais Eder Gregor appelle à ne pas « surinterpréter » des chiffres soumis à de fréquentes révisions.

Reprise des exportations


Les exportations allemandes, pénalisées par une demande mondiale atone, devraient, du reste, repartir en fin d?année, notamment grâce à la reprise progressive des économies émergentes comme la Chine ou le Brésil, selon DIW. Autre élément positif, ajoute Eder Gregor: la baisse de l?euro, qui pourrait soutenir les exportations des produits made in Germany.