320.000 euros de prix pour le "guide pratique de sortie de l'euro"

Par Eric Albert (Le Temps)  |   |  512  mots
Copyright Reuters
Le manuel décrit les étapes d'une possible défaillance de la Grèce. Le cabinet de consultants Capital Economics a empoché 250.000 livres de récompense pour ses travaux. Un article de notre partenaire Le Temps.

La sortie d'un pays de la zone euro est inévitable, mais cette rupture n'est pas assez préparée. Fort de cette conviction, Simon Wolfson, un riche homme d'affaires britannique, a lancé fin 2011 un concours économique, attribuant 250?000 livres (319?000 euros) à l'équipe qui proposera le meilleur «guide pratique de sortie de l'euro». Le cabinet de consultants Capital Economics l'a remporté la semaine dernière, avec une proposition détaillée de 142 pages, dans laquelle il prévient: «Cela revient à essayer de défaire une omelette pour retrouver l'?uf qui a été cassé.»

Sortie secrètement préparée

Roger Bootle, son directeur, évalue la probabilité d'une sortie de la Grèce d'ici deux ans à 80%. Il estime que d'autres pays pourraient suivre, en premier lieu desquels le Portugal, et peut-être ensuite l'Espagne et l'Italie. C'est sur ce scénario central - sortie de la Grèce à moyenne échéance - que l'équipe de Capital Economics s'est penchée. Dans un entretien au Temps, Roger Bootle détaille la meilleure façon de s'y préparer.

Pour éviter la fuite des capitaux, et un effondrement des banques grecques, il ne faut surtout pas ébruiter la décision de sortir de la monnaie unique. «Bien sûr, on parle déjà ouvertement de la sortie de la Grèce de l'euro, mais les choses seront différentes quand une date précise sera annoncée», affirme Roger Bootle. Les autorités grecques doivent donc mettre en place les préparations nécessaires et faire ensuite l'annonce pratiquement en même temps que la sortie de l'euro, peut-être trois jours avant. Pendant cette brève période, un contrôle des capitaux devra être mis en place: concrètement, les Grecs n'auraient pas le droit de sortir d'argent du pays. «Il faut réduire au maximum la période de contrôle des capitaux», explique Roger Bootle.

Néanmoins, il reconnaît que le secret sera difficile à garder, particulièrement parce que la Grèce devra informer tôt ou tard les autres membres de la zone euro, multipliant les risques de fuite. En cas d'ébruitement, un contrôle des capitaux plus long serait nécessaire.

Nouvelle monnaie latente

Toujours dans le but de ne pas ébruiter le secret, la nouvelle monnaie - la drachme - ne peut pas être fabriquée à l'avance. «Nous avons consulté le fabricant de billets De La Rue, qui nous dit qu'il faut environ six mois pour imprimer une monnaie nouvelle.» Seule solution, selon lui: pendant les premiers mois, les euros resteraient en circulation en Grèce, tels quels (sans tampon ni modification) mais deviendraient officiellement des drachmes. Au premier jour, une parité d'un euro pour une drachme serait appliquée, mais le taux de change s'écroulerait presque instantanément, sans doute de «30% à 50%».

Qu'est-ce qui empêcherait alors les Grecs de sortir des valises d'argent liquide du pays, d'autant que les billets libellés en euros sont les mêmes dans toute la zone ?...

Lire la suite sur le site de notre partenaire Le Temps