L'Espagne s'impose un plan de rigueur colossal

Par Julien Bonnet (avec agences)  |   |  478  mots
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Madrid prévoit désormais d'économiser 102 milliards d'euros d'ici à la fin 2014, un montant qui inclut le plan de rigueur de 65 milliards d'euros déjà annoncé en juillet. Ces mesures doivent permettre à l'Espagne de respecter ses objectifs de déficit imposés par Bruxelles et jugés ambitieux : 6,3% du PIB en 2012 puis 4,5% en 2013 avant de le ramener sous les 3% en 2014.

C'est un plan de rigueur historique qu'a adopté ce vendredi le gouvernement espagnol. Madrid prévoit désormais d'économiser au total 102 milliards d'euros d'ici à la fin 2014. Une cure d'austérité sans précédent qui inclut le plan de rigueur de 65 milliards déjà annoncé en juillet. Face à la pression des marchés et de l'Europe, le gouvernement de Mariano Rajoy est donc bien décidé à imposer une série de mesures impopulaires. Entre coupes dans la fonction publique ainsi que dans les budgets régionaux de la santé et l'éducation, hausses d'impôt dont la TVA qui sera relevée à partir du 1er septembre, les Espagnols vont devoir se serrer la ceinture. Cependant, pris à la gorge par ses créanciers, Mariano Rajoy devra sans doute faire appel à une aide de l'Europe, un scénario qu'il n'exclut plus.

Championne d'Europe de la rigueur

Car après le dérapage du déficit public à 8,9% du PIB en 2011, Madrid fait face à des objectifs ambitieux de réduction de son train de vie: 6,3% de déficit en 2012 puis 4,5% en 2013. Le retour sous les 3% des critères de Maastricht est prévu pour 2014 avec un déficit public de 2,8% du PIB. L'Espagne avait ainsi bénéficié d'un délai supplémentaire de la Commission européenne pour rentrer dans les clous de Bruxelles et devait, en contrepartie, "muscler" son plan de rigueur. C'est désormais chose faite avec ces nouvelles économies à réaliser en trois ans. Dans le détail, le gouvernement prévoit 13,118 milliards d'euros d'économies supplémentaires pour 2012, puis 38,956 milliards en 2013 et 50,075 milliards en 2014, soit un total de 102,149 milliards d'euros. Un plan colossal au niveau européen: à titre de comparaison, l'Italie prévoit "seulement" 26 milliards d'euros de réductions des dépenses publiques sur la même période

Message reçu à Bruxelles

Du côté de Bruxelles, on se félicite de ce nouvel effort budgétaire. "La Commission salue l'adoption en Espagne du plan pluriannuel et va l'analyser dans le détail", a indiqué Antoine Colombani, un porte-parole de la Commission européenne, après avoir confirmé que le document avait bien été reçu.  

Les taux se détendent

Les marchés devraient également apprécier ce nouveau tour de vis. Vendredi, les taux espagnols se sont déjà nettement détendus, notamment les échéances à court et moyen terme. Après la déception de jeudi suite à une interprétation rapide des investisseurs sur l'immobilisme de la BCE, le marché obligataire s'est en effet ressaisi. Les intervenants se sont concentrés sur les propos positifs du président de la BCE Mario Draghi et "ont retenu que l'institution de Francfort a bel et bien l'intention d'agir pour apaiser les tensions et va acheter des titres de dette à court terme des pays en difficultés", explique Nordine Naam, stratégiste obligataire chez Natixis.