Espagne : la Catalogne, une épine dans le pied de Mariano Rajoy

Par Sophie Rolland  |   |  597  mots
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Alors que le Premier ministre espagnol espère toujours que le seul effet d'annonce de la BCE suffira à limiter durablement les coûts d'emprunts du pays et que le Trésor s'apprête à placer plusieurs milliards d'euros de dette sur les marchés, la Catalogne revendique son indépendance budgétaire.

Après le roi Juan Carlos, mardi, Mariano Rajoy a à son tour appelé à l'unité nationale face aux revendications indépendantistes en Catalogne. A la veille d'une réunion avec le président de la région Artur Mas, Le chef du gouvernement espagnol en a appelé à la "responsabilité" des dirigeants politiques catalans. "Le pire, c'est de s'obstiner dans l'erreur", a-t-il déclaré devant les députés. Arthura Mas réclame l'indépendance budgétaire de la région et a annoncé la signature d'une convention créant "un embryon" de ministère du Budget pour la région.

Le roi intervient dans le débat politique

Hier, dans une lettre ouverte diffusée sur le site web de la Maison royale, Juan Carlos avait tiré la sonnette d'alarme face au "défi que représenterait l'indépendance de la Catalogne", rapporte le journal El Pais. "Le pire qui puisse nous arriver serait de poursuivre des chimères", a déclaré le souverain, en allusion aux revendications séparatistes de la Catalogne qui s'étaient exprimées lors d'une manifestation réunissant des centaines de milliers de personnes à Barcelone le 11 septembre. 

"Ce n'est pas le moment de générer plus de problèmes"

Le "pacte budgétaire" défendu par le président de la Catalogne viserait notamment à octroyer à la région la possibilité de lever elle-même l'impôt. "Ce n'est pas le moment de générer plus de problèmes ni une instabilité politique", a martelé Mariano Rajoy, qui tente de rassurer ses partenaires européens sur le redressement des comptes du pays.

La Catalogne "a beaucoup de problèmes"

"Nous, les représentants politiques, avons un surcroît de responsabilité", a affirmé M. Rajoy. "Et si nous nous trompons ou nous allons trop loin, et si les choses nous échappent, nous ne devons pas nous laisser emporter par les évènements", a-t-il poursuivi, faisant allusion aux pressions des indépendantistes estimant que tout irait mieux sans lien avec l'Etat central. Car, a ajouté le chef du gouvernement, la Catalogne "a beaucoup de problèmes, comme d'autres régions d'Espagne". Et "ce qu'elle ne peut pas faire, c'est rejeter la faute de tout ce qui se passe sur les autres ni générer de l'instabilité en prenant des décisions erronées", a-t-il estimé.

Des conditions strictes requises pour obtenir l'aide européenne

A 1,3065 dollar vers 18h, l'euro peinait à trouver une direction aujourd'hui. "Les opérateurs se demandent si la situation [dans la zone euro] est aussi rose et optimiste que ce qu'il semblait il y a quelque temps" après le coup de pouce de la BCE, expliquaient des analystes de Commerzbank, cités par l'AFP. Selon eux, "le cas de l'Espagne montre clairement que les conditions requises [de la part des pays en difficulté] pour obtenir des crédits européens ne font pas l'unanimité".  Cette semaine, devant une chaîne de télévision allemande, Jean-Claude Juncker a assuré que la zone euro imposerait « des conditions très dures » à l'Espagne en échange d'une aide financière.

L'Espagne testera les marchés demain

Le Premier ministre espagnol Mariano Rajoy espère toujours que le seul effet d'annonce de l'autorité monétaire suffira à limiter durablement les coûts d'emprunts du pays, pourtant l'impatience des marchés est déjà palpable. Reste à savoir de quelle façon elle se manifestera demain lors de l'adjudication de dette à long terme de demain : le Trésor espagnol tentera de lever 3,5 à 4,5 milliards d'euros de dette à trois ans et d'augmenter la taille d'un emprunt obligataire à dix ans.