Vers une nouvelle restructuration de la dette grecque ?

Par Sophie Rolland  |   |  736  mots
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A la veille de la visite d'Angela Merkel en Grèce, un des dirigeants du FMI a évoqué la question d'une nouvelle restructuration de la dette publique, qui toucherait les Etats européens.

Va-t-on vers une nouvelle restructuration de la dette grecque ? Ce lundi, Menno Snel, un des vingt-quatre membres du conseil exécutif du Fonds monétaire international évoque ouvertement la question dans le journal néerlandais Het Financieele Dagblad. Si le pays se révèle incapable de se remettre sur les rails, "une contribution de la part des Etats sera alors certainement un sujet de discussion", indique-t-il. Autrement dit, les pays européens pourraient bientôt avoir à réfléchir à une nouvelle restructuration de la dette de la Grèce.

 

Le FMI appelle les Etats européens à mettre la main au portefeuille

 

Fin septembre déjà, des responsables européens avaient indiqué à Reuters que le FMI voulait que les Etats passent une décote sur la dette grecque qu'ils détiennent. Politiquement difficile à assumer, cette idée est massivement rejetée par les pays de l'Union européenne.

 

Divergences au sein de la troïka

 

Ces déclarations éclairent les divergences de point de vue entre le FMI et l'Europe sur la façon de sortir de la crise grecque. L'Europe espère qu'en accordant des délais supplémentaires à la Grèce, le pays arrivera à atteindre ses objectifs budgétaires. Un accord entre le gouvernement grec et la troïka pour dégager 11,7 milliards d'euros d'économies dans le budget de la Grèce est un préalable au déblocage d'une nouvelle tranche d'aide de 31,5 milliards d'euros au titre de l'assistance financière internationale de 130 milliards d'euros qui lui a été accordée l'hiver dernier.

 

La Grèce comparée à l'Allemagne à la fin de la République de Weimar

 

Reste à savoir quels efforts sont encore possible. Vendredi, le premier ministre grec Antonis Samaras a déclaré dans le Handelsblatt que la "cohésion de la société" grecque était "mise en danger par la montée du chômage", et n'a pas hésité à comparer la situation de la Grèce à celle de "l'Allemagne à la fin de la République de Weimar". "La société dans son ensemble est menacée par les populistes de l'extrême gauche et par quelque chose que l'on n'avait jamais connu dans notre pays jusqu'ici: la montée d'une extrême droite, on pourrait également dire, des fascistes, un parti néo-nazi", a regretté Antonis Samaras. "La Grèce peut tenir "jusqu'à la fin novembre" sans nouvelle aide, a-t-il également souligné, "après les caisses sont vides".

 

Vers un accord dans les deux prochaines semaines ?

 

Aucun accord n'ayant encore été trouvé, les négociations entre la Grèce et ses créanciers internationaux devraient encore se prolonger cette semaine et la semaine prochaine, a estimé un responsable grec. Interrogée samedi, Christine Lagarde, directrice générale du FMI, a jugé que les discussions entre la troïka et le gouvernement grec sur l'aspect fiscal du programme de réformes avaient été "très bonnes et productives". Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires monétaires, a pour sa part déclaré qu'un accord était possible dans les jours à venir.

 

Angela Merkel reçue mardi à Athènes

 

Ce lundi, les représentants de la troïka, le ministre grec des Finances et les représentants du FMI étaient à Luxembourg pour la réunion des ministres des finances de la zone euro (Eurogroupe). Aucune décision ne devrait être prise concernant la Grèce. Au mieux, les ministres des Finances de la zone euro pourraient faire état de progrès dans les discussions entre la troïka et le gouvernement de M.Samaras. Déjà,  le ministre des Finances luxembourgeois, Luc Frieden, a déclaré : "la Grèce fait beaucoup d'efforts; la situation y est très difficile et je pense que si nous devions lui donner plus de temps, pour autant que cela n'implique pas encore beaucoup d'argent, nous devrions soutenir la Grèce". Quant à Angela Merkel la chancelière allemande sera reçue mardi à Athènes.  Par cette visite, elle veut envoyer un "message de confiance" dans le gouvernement et l'économie grecs, a déclaré son porte-parole officiel.

 

Le représentant de l'Allemagne au directoire de la BCE a, lui expliqué qu'il n'était pas question de prolonger les délais, ni de baisser les taux d'intérêt sur la dette grecque. "L'un et l'autre reviendraient à effacer une partie de la dette et seraient un financement direct de l'Etat grec", a déclaré Jorg Asmussen.