Lisbonne prépare un coup de bambou fiscal

Par latribune.fr  |   |  414  mots
Vitor Gaspar, ministre des Finances portugais. Copyright Reuters
Avec une hausse de dix points du taux d'imposition des classes moyennes, le gouvernement portugais espère rester dans les clous fixés par la troïka.

Un coup de matraque fiscal. C'est bien ce que le gouvernement de centre-droit portugais s'apprête à asséner à sa population. Les ménages qui déclarent plus de 41.000 euros par an (3.417 euros par mois) paieront désormais 45 % d'impôt sur le revenu, contre 35,5 % jusqu'ici. Ceux qui gagnent plus de 80.000 euros seront imposés à 48 %. Jusqu'ici, ce taux était applicable à ceux qui gagnaient plus de 153.300 euros par an. Mais même les ménages les plus modestes, ceux qui gagnent entre 7.000 et 20.000 euros par an, seront mis à contribution et verront leur taux d'imposition sur le revenu grimper de 24,5 à 28,5 %. Enfin, l'impôt sur les bénéfices sera relevé de 25 % à 28 %.

« Dictature de la dette »

Lisbonne tente ainsi de remplir ses obligations vis-à-vis de l'Union européenne, de la BCE et le FMI qui lui ont avancé 78 milliards d'euros voici deux ans. Le pays a déjà obtenu un an de plus, jusqu'en 2014, pour atteindre un déficit de 3 % du PIB. Vitor Gaspar, le ministre des Finances, refuse de demander un nouveau délai. « Demander plus de temps, conduirait à une dictature de la dette et à un effondrement », a-t-il affirmé avant de conclure : « nous n'avons pas de marge de man?uvre. » Avec ces mesures, le déficit devrait passer en 2013 de 4,5 % à 3,2 % du PIB. Mais l'effet récessif sera redoutable : le PIB devrait reculer l'an prochain de 1 %, pour la quatrième année en cinq ans. Au printemps, Bruxelles promettait une croissance de 0,3 %.

Echauffourées et sondages

La population portugaise commence, elle, à être excédée. Lisbonne a lundi soir pris des allures d'Athènes. Des manifestants ont fait le siège devant le parlement et il y a eu de sévères échauffourées. Voici deux semaines, la rue avait réussi à faire céder le gouvernement sur la hausse annoncée des cotisations sociales. Mais si le parti au pouvoir, le parti social-démocrate (PSD), est actuellement en forte chute dans les sondages, le dernier sondage lui donne encore 30 % des intentions de vote, contre 39 % lors des législatives de 2011. Les Socialistes, eux, sont crédités de 38 % (dix points de plus que l'an dernier où ils avaient été chassés du pouvoir). Dimanche, lors du scrutin régional des Açores, le PSD s'est même payé le luxe d'augmenter son score, même s'il a du concéder une défaite attendue. Le gouvernement peut donc se prévaloir d'un certain soutien. D'autant que son prédécesseur socialiste avait commencé la cure d'austérité.