Dans un entretien avec le quotidien munichois Süddeutsche Zeitung, le premier ministre néerlandais Mark Rutte réclame une procédure d?expulsion d?un pays de la zone euro.
« Monnaie stable »
« En tant que pays de commerçants et d?exportateurs, nous sommes favorables à une monnaie stable », a expliqué le leader libéral qui dirige depuis le mois de septembre dernier une « grande coalition » fragile avec les travaillistes sociaux-démocrates. Et pour cela, il estime qu?il est « important pour la survie de l?euro, que tous les Etats membres tiennent leurs promesses lorsqu?ils entrent dans la monnaie unique. » Et d ?ajouter : « notre but, ce doit être de renforcer l?euro, de le rendre plus crédible et d?attaquer le dollar comme monnaie mondiale. »
« Corriger les traités »
Pour parvenir à ce but, Mark Rutte propose de « permettre à un Etat de quitter la zone euro, s?il le souhaite. » « Pour le moment, ce n?est pas possible, rappelle-t-il, puisqu?un pays ne peut quitter l?euro qu?en quittant l?Union européenne. » Et de conclure : « nous devons donc corriger les traités, afin changer cela. Nous y sommes prêts quant à nous. »
Déjà évoqué par Angela Merkel
Mark Rutte a raison : la monnaie unique a été conçue comme irréversible par ses concepteurs. C?est pourquoi aucune clause de sortie n?a été instaurée. En revanche, le traité de Lisbonne a mis en place une procédure de sortie de l?Union européenne. Plusieurs responsables de la zone euro, dont Angela Merkel elle-même en mars 2010, avaient déjà évoqué cette option d?une « expulsion » d?un pays de la zone euro. Mais rapidement, ils avaient fait marche arrière.
Quelle procédure ?
Reste à savoir s?il s?agit là d?une bonne idée. Une telle clause n?aurait-elle pas plutôt pour effet d?affaiblir l?euro en en faisant une monnaie « optionnelle » que les pays peuvent quitter à leur guise ? Car si la Grèce pourrait en effet quitter l?euro, il en sera de même des Pays-Bas et de l?Allemagne? Il n?est pas certain alors que l?euro puisse, avec cette épée de Damoclès, rivaliser avec le dollar. Une sortie de l?Allemagne mettrait fin de facto à l?existence de l?euro. Par ailleurs, la proposition de Mark Rutte est floue : doit-on laisser une porte de sortie ou expulser les pays qui ne respectent pas les règles ? Les conséquences seraient alors différentes.
« Sauvetage à tout prix »
Il n?est donc pas certain que Mark Rutte ait beaucoup de succès avec sa proposition. Depuis un an, Angela Merkel s?est faite la championne de la stratégie de « sauvetage à tout prix » de l?euro. Pour autant, la question d?une sortie de la Grèce de la zone euro semble toujours une possibilité. Elle créerait alors un précédent pour le reste des Etats membres.