Quand Claude Bartolone se réjouit d'une ouverture sur la règle des 3%

Par Pierre Manière  |   |  399  mots
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Le président de l'Assemblée nationale s'est félicité vendredi des propos d'Olli Rehn, commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires, qui a suggéré la possibilité d'un "ajustement plus doux" des comptes publics.

L'occasion était trop belle. Vendredi, Olli Rehn, le commissaire européen aux Affaires économiques et monétaires a laissé entendre que l'objectif d'un déficit public de 3% reste "une référence" dans un entretien au Monde. Toutefois, il affirme qu'il fallait prendre en compte "l'effort structurel d'ajustement budgétaire que la France entreprend avec une intensité remarquable". Et d'ouvrir la porte à un "ajustement plus doux" des comptes publics.

Des propos qui ne sont passés inaperçus chez les socialistes. Dans la foulée Claude Bartolone, le président de l'Assemblée nationale s'est félicité de ce "signe" adressé par la Commission européenne. "L'objectif sourd et aveugle des 3% ne peut être regardé de la même manière en temps de croissance qu'en temps de crise", a-t-il embrayé, tout en rappelant que, bien sûr, que la dette demeurait l'"ennemie de la gauche".

"La France ne demande rien"

En la matière, Claude Bartolone n'est pas un novice. C'est l'un des premiers responsables politiques à avoir remis en cause cet objectif des 3% depuis le mois de septembre, le jugeant tour à tour "intenable", puis "absurde". Sur ce dossier, il compte parmi ces personnalités du PS, qui font leur possible pour qu'un débat émerge à Bruxelles. Parmi eux, on peut citer Harlem Désir. Début octobre, ce dernier a déjà jugé "pas essentielle" l'année à laquelle la France respectera le taux des 3% de déficits publics, qui constitue pourtant une des promesses de campagne de François Hollande. Ces soutiers agissent ainsi dans l'ombre du gouvernement, qui préfère ne pas remettre en cause cette règle de manière frontale, de peur d'être accusé de laxisme, avec toutes les conséquences que cela pourrait avoir vis-à-vis des marchés.

Ainsi, malgré une croissance qui s'annonce très faible (l'Insee tablant sur +0,1% sur les deux premiers trimestre de 2013), François Hollande a expliqué aujourd'hui qu'il comptait toujours ramener le déficit public de la France à 3% de son produit intérieur brut (PIB), tout en réduisant le taux de chômage d'ici à la fin de l'année prochaine. De la même manière, Jérôme Cahuzac n'a de cesse de rappeler qu'un débat sur cette règle serait "certainement souhaitable" au niveau européen. Mais en parallèle, il souligne depuis plusieurs mois que "la France ne demande rien".