La BCE met en garde la France contre tout laxisme budgétaire

Par latribune.fr  |   |  489  mots
Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne
Ce samedi, un membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) a mis en garde la France contre tout relâchement des efforts de baisse des déficits. Son intervention fait suite à la décision de la Commission Européenne d'octroyer à la France un délai de deux ans, jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous les 3% du PIB.

Tout relâchement des efforts de baisse des déficits entrainerait des lendemains de soirées difficiles. C'est en substance le message qu'a voulu faire passer l'économiste français Benoît Coeuré, membre du directoire de la Banque centrale européenne (BCE) sur France Inter ce samedi matin. Il a mis en garde contre tout éventuel laisser-aller en matière budgétaire, notamment en France. Ce, après que la Commission Européenne ait accordé vendredi un délai de deux ans à la France, soit jusqu'en 2015, pour ramener son déficit public sous les 3% du PIB.

La crédibilité de la France en jeu

"Ce qui compte pour la BCE, c'est la crédibilité", a indiqué l'économiste, interrogé sur l'utilité de la décision de la Bruxelles vendredi concernant la France. "Si ces deux ans de plus accordés (...) permettent de crédibiliser la trajectoire de baisse des déficits, à ce moment là, pourquoi pas? Mais si au contraire, ces deux ans de plus donnent l'impression qu'il n'y a plus de limite, que les objectifs ne sont plus là et que l'effort s'attenue, à ce moment là, cela n'aurait pas servi à grand chose", a déclaré Benoît Coeuré.
Le gouvernement français ne compte pourtant pas aller aux antipodes des recommandations des instances européennes. Il a déjà affirmé vendredi qu'il maintenait "le cap du sérieux budgétaire et des réformes, et confirme son objectif d'amélioration de ses comptes publics".

Poursuivre le désendettement de l'Europe

Benoît Coeuré a également mis en garde l'Europe contre un risque de "relâchement" généralisé en raison de la lenteur avec laquelle les pays du vieux continent agissent et mettent en place leurs institutions. Il existe un risque "que les efforts qui ont été faits jusqu'à maintenant, non seulement se relâchent, mais même qu'on revienne sur certains acquis depuis ces derniers mois, notamment en terme de désendettement", estime-t-il.
Le désendettement est, à son sens, une condition sine qua non au redressement de l'économie européenne, même s'il faut en parallèle ménager la croissance. "Bien sûr, il faut une stratégie de retour à la croissance collective, cela ne passe pas nécessairement pas plus de dépenses. Ce n'est pas en créant de nouvelles dettes qu'on va résoudre le problème de la croissance en Europe", explique-t-il.

Ajustement des déficits par la baisse des dépenses

Selon lui, cet ajustement des déficits "par la baisse de la dépense est plus de nature à ramener la croissance que par l'augmentation des impôts". Avant d'ajouter que jusqu'ici, "la seule manière de réduire rapidement les déficits, c'est d'augmenter les impôts et c'est ce qui a été fait, et maintenant il me semble qu'on est à un stade où l'action doit porter plutôt sur le contrôle de la dépense publique".