Moscovici salue le "changement de doctrine" de la Commission européenne

Par latribune.fr  |   |  526  mots
Pierre Moscovici
Au lendemain du sursis budgétaire accordé à la France par la Commission européenne, le ministre de l'économie Pierre Moscovici a réaffirmé son objectif de lutte contre les déficits, tout en saluant la décision de Bruxelles qui a selon lui "changé de doctrine".

Assurément, la France ne fera pas preuve de relâchement dans sa lutte pour la réduction des déficits publics. Le ministre de l?Economie Pierre Moscovici l?a (ré)affirmé ce samedi à l?AFP, au lendemain du sursis budgétaire accordé à la France par la Commission européenne. Il a cependant écarté l?idée d?un plan d?austérité. "Il n'est pas question de relâcher en quoi que ce soit l'effort de réduction des dépenses", a déclaré Pierre Moscovici, mais "il n'y aura pas de surajustement structurel, pas de plan d'austérité, pas d'objectif impérieux de satisfaire à un chiffre", a-t-il prévenu. Il n?y aura en parallèle "pas de coupes supplémentaires dans la dépense publique, c'est ce qui tue la croissance. Le sérieux budgétaire oui, l'austérité non", a-t-il ajouté.

Une "décision fondamentale" qui fait figure de "changement de doctrine"

Le ministre de l'Economie a tout de même salué la "décision fondamentale" de la Commission européenne d'accorder un délai supplémentaire de deux ans à Paris pour satisfaire les critères budgétaires du traité de Maastricht. À son sens, Bruxelles a, par cette décision, opéré hier un "changement de doctrine".
"Nous sommes en train d'inventer un nouveau chemin entre réduction des déficits et croissance, cela nous donne le temps de mettre nos réformes à l'oeuvre", a indiqué le ministre.
En tout cas il n'en doute pas, la France honorera la confiance que lui a apportée la Commission en lui donnant un peu d?air. "Les engagements seront tenus", a-t-il martelé, ajoutant que "notre programme de stabilité (qui prévoit notamment le rythme de réduction des déficits du gouvernement, et qui anticipe un équilibre structurel à l'horizon 2016, ndlr) est toujours sur la table".

Des prévisions de déficits moroses pour 2014

Si Bruxelles a accordé ce sursis, c?est d'abord parce que ses prévisions en matière de déficits pour la France en 2014 sont moroses, à 4,2% du PIB, bien loin des 3% qui étaient demandés à la base.
Mais ces prévisions sont inférieures de 1,3 point à celles du gouvernement français. Pierre Moscovici l?explique par la non prise en compte par la Commission des mesures "prévues et pas encore votées" dans le projet de loi de finances 2014 qui représentent un point de déficit. Le 0,3 point manquant correspond à l'écart de prévision de croissance, selon lui.

Pas de relâchement

Interrogé sur le point de savoir si ces délais octroyés par la Commission ne risquaient pas d'induire un sentiment de relâchement généralisé en Europe, Pierre Moscovici a écarté cette hypothèse. "Ce n'est pas notre sentiment. L'Europe ne peut être aimée que si elle suscite la croissance, une Europe punitive provoque le rejet" des peuples, a-t-il assuré. Avant de préciser que "ce pour quoi plaide la France, ce n'est pas du tout pour le laxisme, nous plaidons pour la souplesse, le bon rythme et le bon équilibre entre réduction des déficits nécessaire et croissance indispensable".