L'OCDE invite la BCE à être plus agressive

Par Romaric Godin  |   |  541  mots
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L'OCDE recommande à la BCE de faire du "quantitative easing" à l'image de la banque du Japon. Mais au sein du directoire de la BCE, on conteste déjà l'orientation accommodante de mario Draghi...

Dans ses perspectives économiques publiées ce mercredi, l?OCDE dresse une feuille de route pour la BCE qui risque de faire dresser les cheveux des responsables de la Bundesbank. L?organisation estime d?emblée que la politique monétaire accommodante de la zone euro, qui cause déjà bien des remous outre-Rhin, est insuffisante.

Assouplir encore sa politique monétaire

« Un assouplissement des conditions monétaires est indispensable étant donné que l?inflation sous-jacente est déjà bien inférieure à l?objectif fixé par la BCE pour l?inflation à moyen terme et que des pressions déflationnistes apparaissent dans le contexte d?une grande faiblesse de l?activité », avance le rapport de l?OCDE. Autrement dit, il y a urgence dans la zone euro pour contenir cette désinflation et l?empêcher de devenir une déflation qui emporterait les économies.

Pour un taux négatif sur els dépôts

Du coup, l?OCDE, qui a également revu à la baisse des prévisions de croissance pour l?UEM à 0,1 % pour cette année, va plus loin de demande à la BCE d?accélérer ses méthodes non conventionnelles. L?institution de Francfort devrait ainsi « adopter un taux négatif sur les dépôts », au lieu du taux zéro actuellement pratiqué, afin de décourager les banques de déposer leurs fonds auprès d?elle et de l?encourager à plus prêter aux entreprises. La BCE devrait également maintenir « pendant au moins un an » les opérations de financement à taux fixe qui sont une source bon marché de liquidités pour les banques.

Un "QE" à l'européenne ?

Mais ce n?est pas tout : l?OCDE réclame un « quantitative easing » à l?européenne. « L?expansion des achats d?actifs est souhaitable », explique l?organisation parisienne qui, cependant, estime que les achats de prêts de PME titrisés dans des « ABS » (Asset backed Securities) comme l?a évoqué du bout des lèvres Mario Draghi lors de sa dernière conférence de presse, est difficile à mettre en place. Il préfère une politique de rachat « d?obligations souveraines de tous les pays membres de la zone euro sur une base non discriminatoire. » Autrement dit, l?OCDE demande un OMT sans conditions. Aujourd?hui, le programme de rachats illimités d?obligations souveraines OMT est soumis à l?acceptation par le pays concerné de programmes « d?ajustement » décidé par la troïka. Mieux même, l?OCDE propose un rachat par la BCE d?obligations de sociétés.

Contestations internes à la BCE

L?organisation parisienne estime donc que la zone euro doit s?engager dans la politique monétaire à la japonaise ou à la britannique. Voici qui ne plaira pas outre-Rhin où la presse se fait écho depuis quelques jours de fortes contestations de la politique de Mario Draghi. Plus généralement, il semble que le directoire de la BCE commence à contester la politique d?expansion monétaire. Selon l?édition de mercredi de Die Welt, Yves Mersch, récemment nommé à ce directoire, contesterait cette politique, suivant ainsi la voie du représentant allemand Jörg Asmussen. C?est dire si les recommandations de l?OCDE ont peu de chance d?être entendues.