Chypre appelle à nouveau à l'aide

Par latribune.fr  |   |  551  mots
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Le président chypriote a écrit à ses homologues pour leur demander de venir en aide à la première banque du pays, Bank of Cyprus. Une invitation à revoir l'aide mis en place en avril en profondeur.

Chypre appelle à nouveau à l?aide. Le président de la république hellénophone a, selon le Wall Street Journal, envoyé une lettre aux dirigeants européens pour les appeler à « soutenir une solution de long terme concernant la liquidité de Bank of Cyprus (BoC). » « J?insiste sur l?importance systémique de BoC non seulement pour le système bancaire, mais aussi pour l?ensemble de l?économie », ajoute Nikos Anastasiadès. C?est une invitation à réaliser une refonte complète du plan d?aide mis en place en avril.

Le plan européen

Selon ce plan, Chypre devait obtenir 9 milliards d?euros au MES et 1 milliard d?euros du FMI moyennant une restructuration complète de son système bancaire. BoC devait demeurer la seule grande banque du pays en absorbant une partie de l?autre grande banque du pays, la Laïki, qui était mise en faillite. Les grands déposants des deux banques ? ceux qui avaient des dépôts supérieurs à 100.000 euros ? étaient mis à contribution pour la restructuration du système bancaire chypriote.

Deux solutions ?

Mais, Nikos Anastasiadès estime que ce plan a été conçu « sans préparation soigneuse. » Le n?ud du problème serait celui des avances accordées par la banque centrale chypriote (donc à la BCE) à la Laïki. Ces 9 milliards d?euros devraient être transférés au bilan de BoC sans vraies actifs pour les couvrir. Nikos Anastasiadès propose donc de transformer ces avances en obligations long terme qui seront honorées par un véhicule ad hoc. Ou bien de ne pas fusionner les deux banques. Deux solutions qui obligeraient à revoir complètement la copie de l?aide à Chypre.

Une épine dans le pied des Européens

Les Européens ne seraient certainement pas enchantés de rouvrir le dossier chypriote qui avait pris des proportions considérables en mars et en avril. Surtout à moins de 100 jours des élections allemandes. Mais il est vrai que le plan d?aide à Chypre a été un rien bâclé. Il a fallu rassurer rapidement les marchés en trouvant un semblant de solution acceptable pour tous. Le président chypriote a donc raison : on a fait peu de cas des conséquences et de la faisabilité de ce plan. Mais lui-même avait alors défendu ce plan becs et ongles devant son parlement. Il est vrai que « ses partenaires » ne lui avaient guère laissé le choix : la BCE menaçait de stopper le robinet au système bancaire chypriote et de faire sortir de facto le pays de la zone euro.

Economie à l?agonie

Aujourd?hui, comme on pouvait s?y attendre, l?économie chypriote est à l?agonie. Le PIB devrait se contracter de 8,7 % cette année, selon le gouvernement. Même la Grèce n?a pas connu une récession si dure. Les déposants ont, naturellement, fui l?île malgré un contrôle des changes qui, par ailleurs, étrangle l?économie en décourageant l?investissement. Nikos Anastasiadès a du reste critiqué ce contrôle des changes qu?il a lui-même mis en place. Mais l?ancien grand ami d?Angela Merkel semble désormais de plus en plus mal accepter son rôle de proconsul de l?UE dans son propre pays.