La chute de l'or fait plonger la Banque centrale suisse dans le rouge

Par Romaric Godin  |   |  656  mots
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La Banque nationale suisse a accusé une perte de 18 milliards de francs au cours du deuxième trimestre. En cause : une chute vertigineuse du prix de l'or.

Mauvaise passe pour la banque centrale helvétique. La Banque Nationale Suisse (BNS) a en effet annoncé ce matin une perte de 7,3 milliards de francs suisses (environ 5,9 milliards d?euros) sur le premier semestre 2013. Sur le seul deuxième trimestre, la perte s?élève à 18,5 milliards de francs (près de 15 milliards d?euros).

Chute de l?or

Ces pertes astronomiques ont un premier responsable : le prix de l?or. La chute des cours du métal jaune durant le deuxième trimestre a été vertigineuse, notamment en raison de la remontée des marchés actions, puisqu?elle a atteint près de 25 %. La valorisation du stock d?or de la BNS s?en est trouvée considérablement réduite de 13,1 milliards d?euros.

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Taux plancher

Mais ce n?est pas tout. Depuis la mise en place en septembre 2011 d?un taux plancher pour la monnaie helvétique de 1,2 franc suisse pour un euro, la BNS a procédé à de vastes achats de titres en devises afin de faire pression sur le franc suisse. La pression baissière sur la monnaie de la Confédération est aujourd?hui apaisée. L?euro évolue depuis le début de l?année entre 1,22 et 1,24 franc suisse et la BNS n?achète plus d?actifs en devises.

Pertes sur les devises

Mais elle a ce stock de titres, constitué principalement d?obligations de la zone euro. Or, lui aussi, au deuxième trimestre, a subi des pertes importantes de près de 5,4 milliards de francs. La cause en est double : alors que le franc s?affaiblissait, la valeur des titres obligataires les mieux notés a reculé. Le Bund allemand à dix ans a ainsi subi un recul de 22 % de sa valeur en trois mois, en raison du retour de l?appétence au risque des investisseurs.

Tout dépendra de l?évolution du prix de l?or

La BNS tente de minimiser ces pertes qui sont liées aux évolutions du marché et qui, affirme-t-elle, ne préjuge pas de la situation à la fin de l?année, la seule qui compte pour l?évaluation des réserves de la banque centrale. En 2011, la perte de 10,8 milliards de francs sur le premier semestre avait fini par se muer en un bénéfice de 13,5 milliards de francs. Tout dépendra donc de l?évolution des marchés et, notamment, du cours de l?or qui est remonté en juillet. Reste qu?avec sa politique de change, la BNS a gonflé considérablement son bilan : fin 2009, il était de 176 milliards de francs, il est aujourd?hui de plus de 500 milliards de francs. La position de la BNS est donc plus sensible aux variations des marchés.

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Argument politique

Ces mauvais résultats auront cependant un aspect positif pour la direction de la BNS. Cette dernière lutte en effet contre une « initiative populaire », un projet de loi qui sera soumis à votation prochainement et qui vise à obliger la BNS à détenir 20 % de son bilan en or. Si le peuple suisse acceptait ce projet, la BNS devrait faire passer son stock d?or de près de 40 milliards de francs aujourd?hui à près de 100 milliards de francs. La perte sur le trimestre aurait alors été gonflée de 12 milliards de francs de plus. C?est un argument que les adversaires de cette initiative, soutenue par le parti populiste UDC, pourront avancer le temps venu.

Fin du sauvetage de l'UBS

Enfin,  la banque UBS, soutenue lors de la crise de 2008-2009 par la banque centrale devrait cette année racheter le "fonds de stabilisation", autrement dit la "bad bank" qui avait été repris en partie reprise par la BNS et qui a rapporté sur le premier semestre 830 millions de francs à la banque centrale.