Comment Fukushima a fait baisser les prix des maisons allemandes

Par latribune.fr  |   |  390  mots
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Une étude publiée par l'Université de Bochum valide et explique le lien entre la catastrophe nucléaire japonaise et le prix de l'immobilier dans les zones proches des centrales allemandes.

La catastrophe de Fukushima a eu des conséquences directes sur le marché immobilier allemand autour des centrales nucléaires. C'est le résultat d'une étude publiée ce mardi dans les Ruhr Economic Papers de l'université de Bochum. Les trois auteurs ont observé l'évolution du prix de l'immobilier autour des centrales allemandes avant et après la catastrophe pour en évaluer l'impact. Leur conclusion est sans équivoque.

Baisse des prix dans un rayon de 5 km

Durant les deux années qui ont précédé le tsunami japonais, les zones proches des centrales nucléaires n'ont pas connu d'évolutions notablement différentes des prix de l'immobilier par rapport aux zones plus lointaines. En revanche, à partir de mars 2011, date de la catastrophe, les prix de l'immobilier dans un rayon de 5 kilomètres autour des centrales chutent de 5,9 %, tandis qu'elles ne reculent que de 1,4 % dans un rayon de 5 à 10 kilomètres et de 0,5 % dans un rayon de 20 à 25 kilomètres.

La forte crainte d'une catastrophe

La cause la plus évidente de cette évolution serait que la catastrophe de Fukushima, qui a eu un impact particulièrement important dans l'opinion publique allemande, a provoqué une prise de conscience des risques liés à la proximité d'une centrale. Les auteurs rappellent qu'à l'été 2011, 70 % des Allemands jugeaient qu'un désastre comparable à celui de Fukushima pouvait également se produire dans leur pays. C'est cette prise de conscience qui, notamment, a conduit le gouvernement d'Angela Merkel, qui venait de prolonger jusqu'en 2030 la durée de vie des réacteurs, à programmer la fin de l'énergie atomique pour 2022.

Des impacts économiques significatifs

Les auteurs estiment cependant que le facteur prédominant de cette baisse des prix est l'aspect économique lié à la décision de Berlin de fermer les réacteurs. Ils constatent en effet une baisse des prix nettement plus élevée (-10,8 %) autour des huit réacteurs qui ont été fermés dès août 2011. A priori, la fermeture de ces réacteurs écarte tout danger de catastrophe nucléaire, mais cette baisse plus forte s'explique en réalité par l'effet économique de la fermeture des centrales : pertes d'emplois directs et indirects et recul du chiffre d'affaires pour les commerces locaux. On ne peut exclure que la baisse des prix dans les zones où les réacteurs seront en activité jusqu'en 2022 provoque un effet d'anticipation.