L'Irlande dira adieu à la Troïka le 15 décembre

Par latribune.fr  |   |  521  mots
Le premier ministre irlandais a confirmé que l'Irlande sortirait du programme d'aide européen et du FMI dans deux mois.

L'Irlande a gagné son pari. Selon le premier ministre Enda Kenny, « l'urgence économique sera terminée à la mi-décembre », date à la laquelle le pays devrait sortir du plan d'aide européen de 85 milliards d'euros accordés par les Européens et le FMI en 2010.

Rétablir la souveraineté du pays

Devant les représentants de son parti de centre-droit, le Fine Gael, Enda Kenny a reconnu qu'il « reste encore beaucoup de chemin à faire. » Mais, du moins, a-t-il indiqué, « la période de dépendance au plan d'aide est révolue. » Et de se féliciter d'être le premier Taoiseach, nom du chef du gouvernement irlandais, « qui rétablira la souveraineté et l'indépendance économique » du pays.

Un exemple irlandais ?

L'Irlande est souvent présentée comme l'exemple du « succès » de la stratégie européenne de dévaluation interne mise en place par les Européens pour répondre à la crise de la dette. Les deux gouvernements qui se sont succédé ont en effet mené une austérité sévère pour comprimer les salaires et relancer la compétitivité du pays.

Une stratégie qui a permis de relancer rapidement les exportations et de retrouver rapidement la croissance et de dégager un fort excédent courant. Le déficit public irlandais, qui frôlait les 14 % du PIB en 2011, devrait repasser l'an prochain à 4,6 % du PIB.

Un pays industrialisé

Ce succès s'explique par deux raisons principales. D'une part, l'Irlande était un pays fortement industrialisé et exportateur avant la crise. L'amélioration de la compétitivité s'est rapidement traduite par une amélioration des exportations et de la croissance, ce qui n'a pas été le cas d'économies moins industrialisées ou plus vastes comme l'Italie ou la Grèce.

Un problème bancaire vite réglé

D'autre part, l'Irlande a été précipitée dans la crise par ses banques. Or, Dublin s'est rapidement débarrassé de ce fardeau en tirant une créance sur la BCE dès 2010 pour nationaliser ses principales banques. Cette dette envers la BCE a été très généreusement aménagée par l'institution de Francfort, ôtant un fardeau considérable au budget du pays.

Traduire ce succès dans la vie quotidienne des Irlandais

La tâche du gouvernement d'Enda Kenny est désormais de traduire dans la vie quotidienne des Irlandais ces succès enregistrés selon les critères de la Troïka. Le chômage frôle toujours les 14 % et la demande intérieure demeure toujours très faible. Le budget qui sera présenté cette semaine prévoit une réduction des « efforts » sous formes de baisse des dépenses et de hausses des impôts de 3 à 2,5 milliards d'euros.

Enthousiasme général ?

Pour autant, l'enthousiasme est loin d'être général en Irlande. « Osez dire aux familles qui risquent de perdre leur logement que l'austérité, ça marche! », a ainsi lancé le dirigeant du Sinn Fein, le parti d'opposition de gauche, Gerry Adams. « Osez le dire aux 415.000 chômeurs ou aux 300.000 personnes qui ont émigré ces quatre dernières années ! », a-t-il poursuivi.