Paris veut lever le pied sur la baisse des déficits, la BCE s’agace

Par latribune.fr  |   |  614  mots
Pour la Banque centrale européenne, la France doit respecter ses engagements. C'est une question de crédibilité. Et de confiance", a déclaré l'un des ses membres. Les attentes de l'Europe à l'égard de la France sont fortes, car c'est la deuxième économie de la zone euro".

 Les nouveaux ministres français des Finances et de l'Économie, Michel Sapin et Arnaud Montebourg, feront le voyage de Berlin lundi pour rencontrer leurs homologues allemand, alors que les projets de Paris de rediscuter le rythme de la réduction des déficits, inquiètent déjà ses partenaires.

Même s'il a précisé que le "cap" de réduction des déficits n'était pas abandonné (Paris s'est engagé auprès de ses partenaires européens à passer sous la barre des 3% du produit intérieur brut d'ici 2015), les propos provoquent une levée de boucliers.

"Nous faisons confiance à la France pour respecter ses engagements, elle est consciente de ses engagements et de sa responsabilité dans le fonctionnement du Pacte", a déclaré pour sa part vendredi le porte-parole de la chancelière, Angela Merkel.

"Nous devrions rappeler avec force à la France ses engagements", a renchéri Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, la banque centrale allemande, cité dans l'édition de samedi du quotidien des affaires Frankfurter Allegmeine Zeitung (la FAZ), qui a publié des extraits de l'entretien dès vendredi. "Il faut que la Commission européenne fasse respecter les règles de manière stricte, et qu'elle soit soutenue en ce sens par le gouvernement allemand", a-t-il plaidé.

Pas de passe-droit

L'ex-Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker, candidat du centre droit à la présidence de la Commission européenne, y allé lui aussi de son couplet en affirmant que l'Hexagone « ne peut pas avoir encore une fois un passe-droit".

Du côté de Bruxelles justement, le commissaire aux Affaires européennes, Olli Rehn, a averti, lui aussi dans la FAZ de samedi, que "si on donnait plus de temps à la France sans raison, cela créerait immédiatement un précédent pour d'autres pays membres". "Il est très important de respecter les règles et de ne pas les bidouiller", a-t-il ajouté.

"La France a une responsabilité"

Ce samedi dans le Figaro, Benoît Coeuré, membre du directoire BCE, a lui aussi rappelé que la France devait respecter ses engagements en matière de déficit. «Comme l'a rappelé la Commission, la France a déjà bénéficié deux fois d'un report. Elle doit respecter ses engagements. C'est une question de crédibilité. Et de confiance", a-t-il déclaré. Les attentes de l'Europe à l'égard de la France sont fortes, car c'est la deuxième économie de la zone euro. La zone euro a besoin d'une France forte", a-t-il ajouté.

Or, "la France a aussi une responsabilité, rendre crédible le gouvernement économique de la zone euro qu'elle a appelé de ses voeux, et qui se met progressivement en place. Cette gouvernance prévoit des objectifs de déficits nominaux et structurels", a affirmé Benoît Coeuré. Il a également redit que le Conseil des gouverneurs de l'institution financière de la zone euro était unanime pour recourir à un assouplissement quantitatif (QE) tout en estimant que cela ne semblait pas pour l'heure nécessaire

Assouplissement quantitatif

Selon lui, "toute la question" est de savoir si une telle mesure serait efficace. "Même si le QE se traduit par plus de liquidités dans le bilan des banques, il n'est pas sûr que cela crée du crédit", a-t-il déclaré en soulignant qu'"un QE à l'européenne sera nécessairement différent de ce qui se pratique aux États-Unis".

Enfin, la hausse actuelle sur les marchés financiers ne laisse pas craindre la création d'une bulle financière: "Non, pas en zone euro de notre point de vue. Mais dans une période de taux très bas, une vigilance s'impose".

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