Taxe Tobin : vers une "première étape" avant les européennes

Par latribune.fr  |   |  556  mots
Les ministres des Finances français et allemands ont promis "un premier paquet de mesures" avant la fin du moi de mai.
Michel Sapin, nouveau ministre des Finances a rendu visite à son homologue allemand Wolfgang Schäuble lundi 7 avril. Ensemble, ils ont annoncé que la taxe Tobin allait voir le jour, au moins en partie, avant les élections européennes.

Réelle volonté ou effet d'annonce ? Si l'on en croit les ministres des Finances allemands et français, l'avancée du dossier de la Taxe Tobin, dont le principe est de prélever une infime partie du montant de chaque transaction pour enrayer la spéculation financière, pourrait bientôt prendre un coup d'accélérateur.

Alors que le dossier traîne comme un serpent de mer depuis plusieurs années, les deux ministres ont voulu réaffirmer lundi les engagements de François Hollande et d'Angela Merkel : un projet sera présenté avant les élections européennes qui se tiendront à la fin du mois de mai, ont-ils promis.

"Nécessité" d'une taxe même "imparfaite"

"Nous sommes décidés à faire un premier pas sur la Taxe sur les transactions financières (TTF) encore dans cette législature (avant les élections européennes)", a martelé Wolfgang Schäuble aux côté de Michel Sapin à Berlin. Pour le ministre des Finances français, la mise en place de la TTF est une "nécessité". Avant les élections il s'agit de "mettre en œuvre un premier paquet de mesures". Une deuxième tranche viendra après.

Cette annonce fait écho aux engagements pris par François Hollande et Angela Merkel, au mois de février. Les deux chefs d'Etat avaient promis de présenter un projet de TTF avant les élections. Quitte à proposer une taxe "imparfaite", préférable à "pas de taxe du tout" selon le président français.

Intérêts nationaux contre intérêt général ?

L'échéance approche, mais les contours de la TTF restent toujours aussi flous. Ni François Hollande ni Angela Merkel, ni les deux ministres des Finances n'ont évoqué d'éléments concrets. Côté français, on affirme que des avancées importantes ont été faites "en souterrain"

En Allemagne, Wolfgang Schäuble s'est longtemps fait tirer les oreilles pour rejoindre ce projet de TTF. Il doit désormais composer avec le parti social-démocrate, qui vient d'entrer au gouvernement d'Angela Merkel, et qui s'affiche comme un grand partisan de ce prélèvement.

Les organisations non gouvernementales dénoncent le manque d'avancées concrètes. Selon Friederike Röder, directrice de ONE France, "la France et l'Allemagne prouvent qu'elles n'arrivent toujours pas à mettre leurs intérêts nationaux de côté pour proposer une taxe progressiste et servant l'intérêt général".

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La question des produits dérivés

L'intérêt national, c'est bien le point épineux du dossier. Toute la question est de définir l'étendue des produits soumis à la TTF. Les partisans de la taxe veulent que le dispositif frappe les produits dérivés, actifs complexes pouvant jouer un rôle amplificateur lors de crises financières. Or ces produits représentent un marché très important pour la banque allemande Deutsche Bank et la française BNP Paribas.

De fait, les lobbies des secteurs financiers des deux pays mènent une campagne musclée contre cette taxe, illustrée par les sorties du gouverneur de la Banque de France : selon Christian Noyer, la TTF nuirait à l'octroi de crédits et provoquerait une fuite de capitaux et d'activités bancaires. Le point final est loin d'être posé.