Soutien à la croissance : Berlin répond non à Hollande

Par latribune.fr  |   |  384  mots
"L'Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro", a estimé mercredi la porte-parole allemande Christiane Wirtz lors d'une conférence de presse.
Berlin ne voit "aucune raison" de modifier sa politique économique, a déclaré mercredi une porte-parole du gouvernement allemand, en réaction à un appel lancé par François Hollande pour plus de soutien à la croissance de la part de l'Allemagne.

Berlin renvoie Paris dans ses buts. "Les déclarations très générales en provenance de Paris ne fournissent aucune raison pour de quelconques corrections dans la politique économique" du gouvernement allemand, a déclaré la porte-parole Christiane Wirtz, interrogée lors d'une conférence de presse. Avant d'insister:

"L'Allemagne est déjà une locomotive importante, la plus importante même pour la conjoncture de la zone euro"

François Hollande avait déclaré attendre de l'Allemagne "un soutien plus ferme à la croissance" dans une interview publiée lundi dans Le Monde. "Ses excédents commerciaux et sa situation financière lui permettent d'investir davantage. C'est le meilleur service que l'Allemagne peut rendre à la France et à l'Europe", avait argumenté le président français.

Des reproches récurrents

Sur fond de crise en zone euro, l'Allemagne s'est souvent vu reprocher de ne pas en faire assez pour stimuler la croissance chez elle, et par ricochet chez ses partenaires, alors qu'elle les soumettait à de rudes exigences de discipline financière.

Le gouvernement actuel de la chancelière Angela Merkel, qui associe conservateurs et sociaux-démocrates, a promis des investissements dans les infrastructures et l'éducation, et mis sur les rails un salaire minimum généralisé en Allemagne, qui pourrait dynamiser un peu la demande intérieure.

Néanmoins, Berlin continue à tenir fermement les cordons de la bourse pour arriver l'an prochain à un budget fédéral à l'équilibre.

La solution n'est pas à l'extérieur

Dans un éditorial mercredi, le quotidien de centre-gauche Süddeutsche Zeitung estimait que le président français attendait à tort "le salut de l'extérieur". "Le danger d'une aide de l'extérieur est qu'elle ne masque que temporairement l'arriéré de réformes à l'intérieur", poursuivait le journal, résumant assez bien le sentiment allemand. "Et on peut se demander si les Allemands achèteraient des Renault et des Peugeot si leurs salaires augmentaient."

Le quotidien Die Welt (conservateur), souvent critique à l'égard du socialiste François Hollande, a réagi de façon encore plus dure, voyant dans l'interview au Monde "un document étonnant car il s'agit finalement de l'aveu du président français que sa politique économique a échoué". "Le seul espoir que Hollande caresse encore, c'est qu'Angela Merkel le sorte de là", ironisait le journal.