Le plan de rachat d'actifs lancé par la BCE irrite la Bundesbank

Par latribune.fr  |   |  490  mots
"Les risques de crédit pris par les banques privées vont être transférés à la banque centrale et donc au contribuable sans qu'ils n'aient rien en retour", déplore le banquier central allemand Jens Weidmann.
Jens Weidmann, le président de la Buba, a notamment mentionné le risque d'acheter des "prêts titrisés de basse qualité" à des prix élevés. Des membres de la CDU et de la CSU ont également tancé l'action de l'institution européenne.

Le rachat de des prêt titrisés pour relancer le crédit dans la zone euro. Voilà une décision de la BCE qui ne passe vraiment pas en Allemagne, notamment auprès de la Bundesbank et de certains alliés conservateurs de la chancelière Angela Merkel.

Jeudi 2 octobre, au terme de sa réunion monétaire d'octobre, la BCE a annoncé son intention de racheter des prêts adossés à des actifs (asset-backed securities, ou ABS) dès ce dernier trimestre 2014, y compris en provenance de la Grèce et de Chypre, les deux pays de la zone euro dont la dette souveraine est notée en catégorie spéculative ("junk").

"Prêts titrisés de basse qualité"

Jens Weidmann, le président de la Bundesbank, a sonné la charge dimanche 5 octobre contre le risque d'acheter des "prêts titrisés de basse qualité" à des prix élevés dans le cadre de ce plan.

Les banques créent les titres adossés à des actifs (dits ABS) en mélangeant des prêts de diverses origines - prêts immobiliers et d'entreprises, crédits automobiles ou à la consommation - et en revendant ces produits à des assureurs, fonds de pension et, donc, à la BCE désormais.

"Les risques de crédit pris par les banques privées vont être transférés à la banque centrale et donc au contribuable sans qu'ils n'aient rien en retour", déplore le banquier central allemand (membre du conseil des gouverneurs de la BCE) dans les colonnes du magazine Focus.

Politique d'affaiblissement de la monnaie

Le patron de la Buba met aussi en garde contre la dépréciation de l'euro :

"Une politique qui cherche à affaiblir délibérément la monnaie peut aussi provoquer des contre-réactions. Au bout du compte, il n'y a que des perdants avec une dévaluation compétitive."

Si la BCE dit ne pas avoir d'objectif en la matière, l'euro est tiré à la baisse par la divergence des politiques monétaires des deux côtés de l'Atlantique, la BCE devant maintenir une politique accommodante quand la Réserve fédérale normalise la sienne.

Le parti de Merkel et la CSU très critiques également

Hans Michelbach, l'un des responsables de la CSU, l'aile bavaroise de la CDU de la chancelière, a accusé Mario Draghi d'être en train de transformer la BCE en une "banque pourrie" ("junk bank") avec ces rachats de dette spéculative.

La BCE est désormais disposée à acheter le genre de "dette opaque" qui est en grande partie à l'origine de la crise financière mondiale de 2007/2008, a-t-il dit à Reuters samedi 5 octobre.

Norbert Barthle, expert budgétaire de l'Union chrétienne démocrate (CDU craint qu'on fasse appel au contribuable allemand pour payer les pots cassés. "Redistribuer les risques de cette façon ne fait pas partie des missions de la banque centrale", déclare-t-il au magazine Focus.