Un assouplissement quantitatif "risqué" qui rend "sceptique" la Bundesbank

Par latribune.fr (avec AFP)  |   |  366  mots
Jens Weidmann a insisté sur la nécessité pour les États "de poursuivre le cours des réformes prévues", du marché du travail à la rigueur budgétaire.
L'offensive monétaire de la Banque centrale européenne est vivement critiquée outre-Rhin. Le président de la Bundesbank Jens Weidmann craint une "pression politique" sur les banques centrales et un pacte de stabilité "atténué".

 "Le rachat d'emprunts d'État, au sein d'une union monétaire, n'est pas un instrument comme un autre. Il comporte des risques." Le président de la Bundesbank Jens Weidmann a déclaré désapprouver la décision prise par la Banque centrale européenne (BCE) de mettre en place un assouplissement quantitatif de grande envergure, dans une interview accordée au quotidien Bild.

À l'unisson des réticences exprimées de longue date par les milieux politiques et économiques allemand, celui qui figure au conseil des gouverneurs de la BCE, mais en désapprouve l'offensive monétaire annoncée jeudi "regarde cette décision avec scepticisme".

Risque pour les budgets et "pression politique" sur les banques centrales

Pour le patron de la Bundesbank, le rachat annoncé de plus de mille milliards d'euros de dette publique et privée va placer les banques centrales de la zone euro "parmi les plus gros créanciers des États" qui ont adopté la monnaie unique. À ses yeux, une telle situation comporte le risque "que les budgets solides soient négligés", et pourrait "faire porter" sur les banques centrales une "pression politique" pour que la charge de la dette soit durablement maintenue aussi faible que possible.

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Comme la chancelière allemande Angela Merkel l'avait fait lors de ses derniers déplacements à Davos et Florence, Jens Weidmann a insisté sur la nécessité pour les États "de poursuivre le cours des réformes prévues", du marché du travail à la rigueur budgétaire.

Crainte pour le pacte de stabilité

Le patron de la banque centrale allemande a également exprimé ses craintes de voir "atténué" le pacte de stabilité, qui impose aux États de la zone euro d'avoir des budgets proches de l'équilibre ou excédentaires. Des propos similaires à ceux tenus par le Luxembourgeois Yves Mersch, membre du directoire de la BCE, dans une interview samedi au journal allemand Neue Osnabrücker Zeitung :

"Alors qu'on fait constamment appel à la BCE, on voit en même temps comment la Commission européenne, sur la demande de quelques États, veut ramollir le pacte de stabilité et le pacte monétaire."