Les gouvernements portugais et espagnols réagissent aux accusations de Tsipras

Par latribune.fr  |   |  685  mots
Après que le chef du gouvernement grec eut accusé samedi l'Espagne et le Portugal d'avoir cherché à asphyxier la Grèce au cours des négociations à Bruxelles, les réactions ont été vives. Le gouvernement portugais évoque des déclarations "très graves, lamentables et fausses", tandis que le premier ministre espagnol ironise sur les inconséquences de Syriza

L'Espagne et le Portugal ont répliqué vertement dimanche au nouveau Premier ministre grec Alexis Tsipras qui les accusait de s'être ligués contre lui, lui reprochant de chercher des boucs émissaires face aux difficultés qu'il rencontre en Grèce.

Dans un premier accrochage public avec ses pairs européens depuis son arrivée au pouvoir en janvier, M. Tsipras, chef de la gauche radicale, a accusé samedi les gouvernements conservateurs de Madrid et Lisbonne de s'être montrés intransigeants dans les négociations sur la dette grecque, pour des raisons électorales. Même les tensions entre les négociateurs grecs et l'Allemagne n'avaient pas atteint ce niveau d'attaques au grand jour.

Rajoy ironise sur la frustration créée par Tispras


"Le parti de la gauche radicale (Syriza) a décidé que la faute des problèmes de la Grèce retombait sur le gouvernement du Portugal et le gouvernement espagnol", a ironisé dimanche le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy. "Nous ne sommes pas responsables de la frustration qu'a créé la gauche radicale grecque en faisant des promesses qu'elle savait intenables", s'est-il emporté devant des militants de son parti à Séville en Andalousie (sud).
"Se chercher un ennemi à l'extérieur (...), nous l'avons déjà vu plusieurs fois dans l'Histoire, cela ne résout pas les problèmes, ça ne fait que les aggraver", a-t-il poursuivi. "La seule solution c'est d'être sérieux".

Le gouvernement portugais évoque des "accusations absurdes"

Le ton était tout aussi outré au Portugal.  Ces accusations "sont totalement absurdes et (...) tristes de la part d'un dirigeant qui devrait être à la hauteur de ses responsabilités", a fustigé Marco Antonio Costa, porte-parole du parti gouvernemental de centre droit PSD.
Les déclarations de M. Tsipras "sont très graves, lamentables et fausses", et "les difficultés internes que traverse Syriza ne suffisent pas à justifier" de tels propos, a-t-il assuré en marge d'une réunion des partis au pouvoir à Porto (nord).

Le compromis conclu par M. Tsipras à Bruxelles pour prolonger l'aider européenne à la Grèce est contesté dans ses propres rangs et a fait descendre des manifestants dans la rue. Samedi, il a accusé l'Espagne et le Portugal d'avoir voulu conduire son pays à "une asphyxie financière" lors des négociations.


Protestations auprès de Bruxelles


"Ces puissances ne souhaitaient pas que l'exemple grec ait une influence sur d'autres pays, surtout dans la perspective des élections en Espagne" prévues pour novembre, et en septembre ou octobre au Portugal, a déclaré M. Tsipras.
La gauche radicale espagnole, Podemos, alliée de Syriza, est en plein essor dans les sondages. Elle reproche à M. Rajoy d'avoir imposé l'austérité à l'Espagne pour se plier aux pressions de Bruxelles et de l'Allemagne.

Au Portugal, l'opposition socialiste reproche elle aussi au gouvernement conservateur de ne pas avoir su résister aux "diktats" de Berlin. Au-delà des déclarations, les gouvernements espagnol et portugais ont protesté officiellement auprès de Bruxelles.


Le Premier ministre portugais Pedro Passos Coelho a "exprimé sa perplexité dans une note envoyée aux institutions européennes par des voies diplomatiques", a indiqué à l'AFP un de ses porte-parole.

Madrid a pour sa part appelé le Conseil européen et la Commission européenne à "condamner les déclarations" du Grec, selon une source du gouvernement espagnol.
"Je ne pense pas que la Commission va procéder à une condamnation publique" des propos de M. Tsipras, "même si cela ne veut pas dire quelle les approuve", a réagi une source européenne à Bruxelles. "Sur ce dossier très sensible, le rôle de la Commission est de jouer les intermédiaires et non pas de diviser".

Les conservateurs portugais comme Mariano Rajoy ont nié publiquement avoir adopté une position plus dure que d'autres gouvernements de la zone euro lors des négociations, ce dernier soulignant dimanche que les décisions du groupe se prennent à l'"unanimité". "L'Espagne a été et restera solidaire du peuple grec", a martelé le dirigeant espagnol, faisant valoir qu'elle avait aidé la Grèce alors que Madrid se trouvait en "extrême difficulté".

 

 



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