Parti socialiste : le conflit de trop ?

Par latribune.fr  |   |  487  mots
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Le Parti socialiste se remettra-t-il de cette énième querelle interne ? Le bras de fer entre la première secrétaire Martine Aubry et le député de l'Essone Manuel Valls la semaine passée s'est ajouté aux difficultés de cette première à rassembler la gauche au-delà au PS. Pour le philosophe Bernard-Henri Lévy, le PS est "mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait".

Alors que l'échec cuisant des listes socialistes aux élections européennes, où la formation n'a pas franchi la barre symbolique des 20% de votes, est encore dans les esprits, le parti socialiste français traverse une énière tempête interne, largement concentrée sur sa première secrétaire, Martine Aubry.

A l'origine des difficultés de la maire de Lille - élue à la tête du PS avec 102 voix d'avance seulement face à Ségolène Royal en novembre - , son bras de fer avec le député Manuel Valls, à qui elle a publiquement demandé de cesser ses critiques ou de quitter le parti, et les fins de non-recevoir des partis de gauche à sa proposition de bâtir ensemble une "maison commune".

"Le PS va mourir? Non. Il est mort. Personne, ou presque, n'ose le dire. Mais tout le monde, ou presque, le sait", a affirmé dimanche 19 juillet le philosophe Bernard-Henri Lévy dans le "Journal du dimanche". Martine Aubry est "sûrement quelqu'un de très bien", mais "elle est dans le rôle de gardien de la maison morte et elle n'y peut rien", a-t-il également affirmé. Pour le philosophe, "le PS est dans la situation du PCF de la fin des années 1970, quand la désintégration s'amorçait et qu'on tentait de la conjurer par des formules incantatoires sur - déjà - la 'refondation', la 'rénovation'".

Pour Bernard-Henri Lévy, Mamuel Valls "a raison: il faut, de toute urgence, changer le nom" du PS. Il "fait partie, comme [Ségolène] Royal, comme [Dominique] Strauss-Kahn, comme d'autres, de ceux qui peuvent être à l'origine du big bang et reconstruire sur les ruines". "J'ai rarement vu des politiques mettre autant d'énergie à s'autodétruire. Si ça ne concernait qu'eux, ce ne serait pas trop grave. Mais il s'agit de l'alternative à Nicolas Sarkozy, de l'espérance des gens".

"Gâchis de talents, d'idées"

"Oui, il y a du gâchis de talents, du gâchis d'idées, du gâchis de personnalités valables. Et ces personnalités valables doivent comprendre qu'elles n'ont aucun débouché seules", a déclaré Bertrand Delanoë, lundi 20 juillet sur RTL. Le maire de Paris a soutenu la première secrétaire, faisant valoir que le PS a "besoin de cohésion, d'autorité, il y a besoin d'ordre".

Le député Julien Dray a en revanche attaqué frontalement la première secrétaire en dénonçant le week-end dernier sur son blog "l'impuissance, l'amateurisme et surtout une étonnante incapacité" de Martine Aubry "à entendre ce qui se passe et dans son parti et dans la société".

"Saurons-nous un jour montrer nos qualités individuelles par rapport à la pertinence d'un projet collectif?", s'est interrogé lundi le maire de Paris, pour qui le mot "socialiste" n'est "pas daté" mais nécessite "un concept renouvelé". "Le combat pour la liberté est toujours un combat pertinent", a-t-il déclaré.