DSK écoute "toujours" Anne Sinclair mais est "aujourd'hui directeur général du FMI"

Par Hélène Fontanaud  |   |  608  mots
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Dominique Strauss-Kahn a achevé dimanche soir un séjour très médiatique en France, au cours duquel il s'en est tenu à son strict devoir de réserve au FMI tout en semant quelques cailloux sur la route de son éventuel retour en France pour la présidentielle de 2012.

Dominique Strauss-Kahn écoute "toujours" son épouse. Mais il n'est "aujourd'hui" que le directeur général du FMI. Avec ces déclarations au journal de 20 heures sur France 2, DSK a achevé dimanche soir un long week-end parisien, étape supplémentaire sur la voie de son retour définitif en France pour une candidature aux primaires socialistes, préalable obligé d'une course élyséenne en 2012.

Quatre jours en France auront permis au directeur général du FMI de semer de nouveaux petits cailloux. Dans la « séquence » gérée par son équipe de communicants à Euro RSCG, tout a commencé il y a dix jours avec une petite phrase d'Anne Sinclair dans « Le Point ». L'ancienne journaliste confiait qu'elle ne souhaitait pas que son mari rempile pour un second mandat à Washington. L'attention médiatique a ainsi été portée à son niveau maximal pour l'arrivée de DSK à Paris, officiellement pour participer au G20 Finances.

Jeudi, au moment où le patron du FMI débarquait de son avion, le « Nouvel Observateur » affirmait dans un long article qu'il avait pris sa décision et serait candidat aux primaires socialistes.

Vendredi midi, Dominique Strauss-Kahn a rencontré six lecteurs du Parisien. L'entretien est publié ce lundi matin. Mais?devant la caméra du site ?leparisien.fr, il a délivré un message simple : la France lui manque. « Votre pays vous manque toujours. Vous y avez la famille, un tas d'amis, des habitudes, des goûts, une culture. Bien sûr ça manque. Je pense que tout individu qui travaille à l'étranger, par moment a un peu le blues du pays ». Une séance photo a aussi été organisée avec le magazine people « Gala ».
« Je ne suis pas le Père Noël »

Samedi, lors de la conférence de presse finale du G20, DSK a toutefois coupé court à toute spéculation. « Aujourd'hui, je dirige le FMI, la tâche m'occupe à plein temps et peut-être plus qu'à plein temps. Je n'ai rien d'autre à l'esprit ». Pratiquement au même moment, le « Journal du Dimanche » publiait sur son site internet la retranscription d'une interview accordée par Dominique Strauss-Kahn à CNN International. Avec là aussi une petite phrase : « Lorsque vous êtes loin, les gens vous voient comme le Père Noël, mais je ne suis pas le Père Noël ». En soufflant ainsi le chaud et le froid tout au long de son séjour parisien, DSK a pu vérifier que son éventuel retour affolait la boussole du camp sarkozyste.

Nicolas Sarkozy, qui accueillait les délégations du G20 vendredi à Paris, a ainsi lourdement insisté sur le nécessaire renforcement du FMI, semblant vouloir enfermer DSK dans son rôle américain. L'un des lieutenants de DSK, Jean-Christophe Cambadélis, y a vu le signe de la « peur » de la droite face au champion des sondages. Une hypothèse balayée par l'ancien Premier ministre UMP Jean-Pierre Raffarin, qui a jugé que le patron du FMI n'était « pas le candidat le plus dangereux » car « il a un profil assez droitier par rapport au centre de gravité de la gauche aujourd'hui ».

S'il ne peut pas dévoiler clairement ses intentions pour 2012, DSK s'est en tout cas attaché à réfuter ces accusations de dérive droitière. Il s'est appuyé sur la croissance molle de la France, par rapport à celle plus dynamique de l'Allemagne, pour souligner  qu'"une autre politique économique doit pouvoir être engagée, plus active". Il a évoqué longuement "la souffrance sociale" dans les pays européens, et donc en France. Il a même parlé des six millions de Français qui gagnent "moins de 750 euros par mois".