Juppé encensé, Mam sacrifiée, l'Elysée remanié

Par Fabien Piliu  |   |  580  mots
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Nicolas Sarkozy a annoncé l'arrivée d'Alain Juppé, actuel ministre de la défense, à la tête de la diplomatie française, en remplacement de Michèle Alliot-Marie, démissionnaire. Il a apporté son soutien aux peuples des pays arabes "qui ont choisi d'être libres".

Six mois et demi. C'est la durée de vie moyenne des gouvernements Fillon qui se sont succédés depuis mai 2007. Huit, c'est le numéro du nouveau gouvernement présenté ce dimanche soir par Nicolas Sarkozy, l'équipe de «combat» qui devait conduire la politique gouvernementale jusqu'aux échéances présidentielles n'ayant pas résisté aux récentes polémiques liées aux déplacements peu à propos de certains de ses membres dans les pays du Maghreb. A titre de comparaison, le gouvernement n'avait été remanié que quatre fois, et de façon cosmétique, lors du précédent quinquennat.
Principale victime de ce remaniement,  Michèle Alliot-Marie, la ministre de la Défense, figure emblématique de la droite chiraquienne a présenté sa démission au Président de la République dimanche après-midi. Ce dernier a annoncé dimanche soir à la télévision son remplacement au Quai d'Orsay par Alain Juppé, qui a occupé ce poste entre 1993 et 1995 dans le gouvernement Balladur. Ces dernières semaines, MAM, dont le président de la République n'a pas prononcé le nom au cours de son allocution,  a été sous le feu des critiques, ses détracteurs lui reprochant son offre de coopération policière au régime de l'ex-président tunisien Ben Ali face à la révolte populaire, le 11 janvier et ses liens ambigus avec le clan Ben Ali.
Son départ provoque un important mouvement de chaises musicales au gouvernement et l'arrivée de nouvelles personnalités. Ainsi, Alain Juppé est remplacé à la Défense par le sénateur Gérard Longuet, ancien ministre de l'Industrie dans le gouvernement Balladur en 1993-1994. Autre changement annoncé, Claude Guéant, le secrétaire général de l'Elysée prend l'Intérieur et l'immigration, en remplacement de Brice Hortefeux. Ce dernier est pressenti pour devenir conseiller politique de Nicolas Sarkozy à l'Elysée, théatre à son tour d'un nouveau ballet de nominations. Poste très en vue, celui de Sécrétaire général, qui était détenu depuis 2007 par Claude Guéant, pourrait échoir à Xavier Musca, l'ancien patron du Trésor, et actuel secrétaire général adjoint.  Autre nom évoqué pour ce "job" de confiance: celui de Pierre Mariani, le patron de Dexia, qui fut, de 1993 à 1995 le directeur de cabinet d'un certain Nicolas Sarkozy, alors ministre du budget. Patrick Ollier, qui avait pourtant assuré qu'il quitterait le gouvernement en cas de départ de sa compagne Michèle Alliot-Marie, devrait finalement rester au sein de la nouvelle équipe gouvernementale de François Fillon.
Ce nouveau casting, qui a fuité durant tout le week-end,  avait pour objectif de permettre au chef de l'Etat de délivrer, à l'occasion de son intervention télévisée de dimanche soir, un message clair pour le monde et rassurant pour les Français, de répondre aux préoccupations des Français vis-à-vis de l'évolution du monde, de son impact sur leur quotidien et des menaces que ces sujets impliquent, notamment en matière de sécurité et d'immigration. Annonçant une relance de l'Union pour la Méditerranée et appelant à une réunion très prochaine du Conseil européen pour envisager une réaction commune à la crise libyenne, le Chef de l'Etat a affirmé lors de son intervention que la politique étrangère française "n'avait qu'un seul but: accompagner, soutenir et aider les peuples qui ont choisi d'être libres".