Mais qui sont donc ces Français qui s'avouent séduits par la fille de Jean-Marie Le Pen ? Pour s'en faire une idée, il convient de lire très attentivement l'intégralité du sondage réalisé du 28 février au 3 mars dernier via internet par Harris Interactive pour Le Parisien. Premier constat, ils appartiennent majoritairement à ce que les experts en statistiques et les professionnels du marketing appellent dans leur jargon le CSP -. En clair, c'est parmi les foyers français qui disposent des revenus les plus bas que la proportion des électeurs potentiels du FN sont les plus nombreux. Marine Le Pen séduirait au moins 30% d'entre eux.
Le populisme de Mélenchon ne fait pas d'ombre à la présidente du FN
Que le candidat du PS s'appelle DSK, François Hollande ou Martine Aubry n'y changerait rien. Voilà qui d'ailleurs devrait inquiéter le PS mais aussi Jean-Luc Mélenchon, dont le discours à la fois populiste et très à gauche percent relativement peu dans les classes populaires. Crédité de 7% des intentions de vote, le candidat déclaré du Front de gauche réalise son meilleur score parmi les Français les plus aisés (CSP +) avec 9% d'intentions de vote.
Marine Le Pen ne fait pas le plein chez les plus de 50 ans
Marine Le Pen semble donc la mieux à même, pour le moment, de fédérer la France d'en bas. Deuxième leçon de ce sondage : celle que ses partisans présentent comme Jeanne d'Arc peine plutôt à entraîner dans son sillage les Français les plus âgés. Si Marine Le Pen fait le plein des voix parmi les 35-49 ans (30%), elle n'est plus en tête des intentions de vote parmi les plus de 50 ans. DSK comme Nicolas Sarkozy réalisent d'ailleurs dans cette catégorie de population leurs meilleurs scores respectifs : 24%.
Troisième surprise : les inactifs (retraités et étudiants) semblent eux aussi plus réticents à voter pour la présidente du FN. Le score de Marine Le Pen parmi les Français qui ne travaillent pas ne lui permettrait pas de figurer au second tour de l'élection présidentielle.
Déçus du sarkozyme mais aussi de François Bayrou
Ultime enseignement de ce sondage : les Français qui se disent séduits par le vote lepéniste comprennent en leur rang un très grand nombre de déçus du Sarkozysme... mais aussi de François Bayrou. Si un quart des Français ayant voté pour Nicolas Sarkozy en 2007 se dit aujourd'hui prêt à accorder leur suffrage à Marine Le Pen, on compte aussi dans les rangs de ses nouveaux électeurs potentiels 16% des Français ayant accordé leur suffrage au président du Modem en 2007.