François Fillon veut aller "plus loin" dans la rénovation du modèle français

Par latribune.fr  |   |  721  mots
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A un an de l'élection présidentielle, François Fillon a lancé jeudi une campagne en trompe-l'œil en vantant les acquis du mandat de Nicolas Sarkozy, une "première étape" qui selon lui doit "aller plus loin".

A l'issue du séminaire gouvernemental de ce jeudi matin, le Premier ministre, qui a fait plancher pour arrêter les priorités de la dernière année du quinquennat, n'a pas reculé devant l'hyperbole pour défendre un bilan contesté par les Français tout en concédant "quelques échecs". A ses yeux, une "révolution culturelle" est en marche depuis 2007 et ne pourrait souffrir le couperet d'"une gauche qui refuse de comprendre les changements du monde".

Confiant sur son avenir à Matignon - "je vais sans doute battre quelques records dans le cadre de la Vème République" -, François Fillon a de fait ouvert les hostilités électorales même s'il a invité le gouvernement à ne pas "se détourner de sa mission" en précisant qu'"une quarantaine de projets de loi" étaient prévus d'ici à mai 2012.

Dans cette pré-campagne qui ne dit pas son nom, il s'est posé en outre en ardent défenseur du chef de l'Etat, dont la candidature ne fait guère de doutes, face à des critiques "injustes" et "souvent très basses" - des "caricatures".

"A l'heure (...) où une certaine fièvre préélectorale se fait sentir, j'ai demandé au gouvernement de se concentrer sur son travail et sur ses devoirs", a-t-il souligné lors d'une conférence de presse en présence de plusieurs de ses ministres.

Pour François Fillon, dont les mots d'ordre restent rigueur et discipline, la priorité est à la consolidation de la croissance alors que la France entre "dans un cycle positif".

Le chef du gouvernement a remis jeudi aux ministres les lettres de cadrage pour la préparation du budget 2012 avec pour objectif la poursuite de la réduction des déficits, au travers notamment de la règle décriée du non-remplacement d'un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Prié de dire si 16.000 postes seraient supprimés en 2012 dans l'Education nationale, à l'instar de la rentrée 2011, il a répondu que "grosso modo, on est sur les mêmes chiffres".

Assurant que le pouvoir d'achat des Français avait progressé depuis l'élection de Nicolas Sarkozy, saluant une troisième baisse consécutive du chômage en mars et une amélioration de la sécurité, le Premier ministre a dépeint avec force exemples une France mieux lotie que ses partenaires européens.

"Nous n'avons pas de leçons de justice à recevoir", a-t-il dit à l'adresse des socialistes en rappelant l'encadrement des retraites-chapeaux, la taxation des stock-options et la lutte contre les paradis fiscaux.

"Nous avons connu des revers, essuyé quelques échecs qui ont pu décevoir ceux qui espéraient tant de nous, mais personne ne peut nous lancer la pierre en disant 'ils n'ont pas tenu leurs engagements'", a-t-il affirmé.

François Fillon a grandement imputé les "obstacles", les malentendus rencontrés, à la crise économique et financière qui nous "a imposé un autre mandat".

Ainsi a-t-il estimé que le bouclier fiscal avait été "mal compris" en raison de la crise.

Alors que les ménages français sont au nombre des plus pessimistes en Europe sur l'avenir de leur emploi et de leur pouvoir d'achat, le Premier ministre a toutefois relevé "avec modestie" qu'"entre les statistiques et les réalités vécues au quotidien, il y a un fossé".

"Au demeurant, est-il vain d'en appeler au bon sens des Français qui peuvent comprendre qu'on ne transforme pas la France en quatre ans?", s'est-il interrogé, posant les jalons d'un nouvel acte à l'"aventure humaine" engagée depuis 2007.

"Il faut plus que quatre ans pour orienter la trajectoire de notre pays", a-t-il insisté en se disant "confiant dans l'avenir".

Se défendant d'esquisser une campagne - "c'est un autre sujet, c'est pour plus tard" - François Fillon n'en a pas moins adressé un message appuyé à l'électorat de droite en appelant à "aller plus loin".

"Nous sommes conscients de n'avoir franchi qu'une première étape dans la rénovation du modèle français. Mais nous disposons d'un socle pour aller plus loin", a-t-il assuré.

Face à la percée de l'extrême droite - "assez naturelle dans une phase de sortie de crise" - et aux grandes manoeuvres à gauche, il s'est engagé à "poursuivre l'effort de réforme sans se préoccuper des sondages et des tensions politiciennes".