L'inculpation de DSK rebat les cartes pour 2012

Par latribune.fr  |   |  624  mots
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Cyclone sans précédent dans la vie politique française, cette affaire est un coup de massue pour le PS où beaucoup avaient misé sur le directeur général du FMI pour reconquérir le pouvoir face au président sortant Nicolas Sarkozy.

Même s'il parvient à prouver son innocence, l'inculpation de Dominique Strauss-Kahn pour agression sexuelle aux Etats-Unis ne compromet pas seulement l'avenir politique du directeur géneral du FMI. Elle rebat aussi les cartes de l'élection présidentielle en France, dont il était jusqu'à maintenant le favori.

Pour l'heure, les spécialistes de la chose politique peinent certes à évaluer l'ampleur des dégâts. "Il y a une secousse considérable, mais on a du mal à être certain de l'étendue des dégâts", analyse ainsi le politologue Jean-Daniel Lévy interrogé par l'agence Reuters. Le patron du département Opinion & Corporate d'Harris Interactive souligne que cette affaire est sans précédent par son ampleur :  "A ma connaissance, c'est la première fois qu'un responsable politique de haut plan, indépendamment du jugement, est inculpé pour des affaires qui apparaissent comme relativement graves". Plus définitif, Jean-Thomas Lesueur, de l'institut Thomas More, club de réflexion basé à Bruxelles et Paris, juge que "c'est fini, incontestablement trop tard" pour Dominique Strauss-Kahn. A ses yeux, la "non-campagne" de DSK  "est terminée" : "C'est un bouleversement complet du plan de campagne, ça change la donne pour tout le monde".

Hollande talonnait déjà DSK dans les sondages

DSK, 62 ans, figurait au nombre des prétendants probables à la primaire socialiste qui se déroulera en octobre. Au vu des sondages d'opinion, il était considéré comme la meilleure chance des socialistes face à Nicolas Sarkozy. Mais qui va maintenant prendre en quelque sorte le relais? Dans une enquête Ifop publiée ce jour par Le Journal du Dimanche, le patron du FMI avait, avant même son inculpation, vu son avance grignotée par par François Hollande, qui recueillerait 23% des voix (contre 26% pour DSK) s'il était le candidat du PS.
Interrogé sur France Info, le politologue Stéphane Rozès, en convient : "la personnalité qui profiterait le plus de cette situation en termes de regard, et pas forcément en termes de popularité, c'est plutôt François Hollande". Et d'ajouter :  "Martine Aubry, elle va devoir garder la maison en cette période agitée, c'est-à-dire rester à la tête du Parti socialiste rue de Solférino et elle va intervenir comme dirigeante"

Mais la fille de Jacques Delors n'a sans doute pas dit son dernier mot. La dirigeante du Parti socialiste, qu'un accord de désistement réciproque liait théoriquement au directeur général du FMI, a dès qu'elle a appris la nouvelle parlé d'"un coup de tonnerre" et a appelé les socialistes à rester "unis et responsables". Si la question d'une candidature se pose néanmoins plus que jamais pour elle, "l'affaire DSK" pourrait aussi pousser de nouveaux prétendants à se déclarer, comme le député Pierre Moscovici, un proche du directeur général du FMI, ou le porte-parole du PS Benoît Hamon.

"Se méfier des regards à chaud"

A droite, on se refuse à tirer des conclusions électorales en invoquant la présomption d'innocence. "C'est sur le court terme un candidat sérieux qui se retire pour Nicolas Sarkozy. Mais ça ne change pas un des enjeux qui repose sur les épaules de Nicolas Sarkozy : apparaître comme étant un homme d'Etat qui rassemble les Français et qui noue des perspectives à caractère politique" estime Jean-Daniel Lévy qui invite les commentateurs à "se méfier des regards à chaud" : "En France, il y a une vraie séparation entre ce qui relève de la vie privée et de la vie publique". Il se garde toutefois de se prononcer sur l'impact qu'aura cette affaire "sur une personnalité jusqu'ici considérée comme relativement posée, droite, capable de redorer l'image de la France à l'international".