Pourquoi l'affaire DSK ne fait pas les affaires de Sarkozy

Par latribune.fr  |   |  551  mots
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Si elle se confirme, l'éviction de Dominique Strauss-Kahn de la course présidentielle ne fait pas nécessairement le jeu du président Nicolas Sarkozy.

Quelle que soit l'issue des ses démêlés judiciaires, les images diffusées sur toutes les chaînes du monde et partagées par des millions d'internautes de DSK, la mine défaite, avançant les mains entravées par des menottes, ont probablement sonné le glas de ses ambitions présidentielles. A un an de l'élection de 2012, le chef de l'Etat se voit ainsi débarrassé sans combattre d'un adversaire potentiel qui caracolait en tête de tous les sondages.

Mais pour le chef de l'Etat, cette éviction prématurée ne constitue pas nécessairement une bonne nouvelle sur le plan électoral : "Il n'est pas sûr que cela profite tant que cela à Nicolas Sarkozy" estime ainsi Jérôme Sainte-Marie, président de l'institut de conseil politique Isana interrogé par l'agence Reuters. "Strauss-Kahn était le plus haut dans les sondages mais il avait des fragilités et n'était sans doute pas le plus dangereux en campagne, compte tenu de la complexité du personnage. C'était un candidat facile à déstabiliser" ajoute ce fin connaisseur de la classe politique.

Hollande sera moins facile à déstabiliser

Nicolas Sarkozy, souvent attaqué dans le passé sur sa vie privée, ses goûts et ses relations, estimait d'ailleurs il y a quelques mois devant des parlementaires UMP, qu'il passerait "pour un pasteur méthodiste" en comparaison de Dominique Strauss-Kahn.

"On a toujours pensé que c'était un bon candidat à cause de ses vulnérabilités. Il était pour Sarkozy le plus facile à battre." confirme ainsi un haut responsable de la majorité présidentielle. Pour ce dernier, "le problème de fond de Nicolas Sarkozy demeure : il va falloir qu'il retrouve le chemin des coeurs".

De fait, le chef de l'Etat est également à la traîne des autres grands prétendants à l'investiture socialiste, la première secrétaire du PS Martine Aubry et son prédécesseur, François Hollande, et n'est même pas sûr, selon certains sondages, de se qualifier pour le second tour de la présidentielle de 2012. Et comme le souligne, Jérôme Sainte-Marie, François Hollande "paraît beaucoup moins facile à déstabiliser", souligne Jérôme Sainte-Marie.

Une nouvelle donne pour le centre

Gaël Sliman, directeur général adjoint de l'institut BVA, observe de son côté que l'affaire Strauss-Kahn conforte les alliés centristes de Nicolas Sarkozy dans leur désir de présenter leur propre candidat à l'élection présidentielle : "Le centre avait déjà un espace. Si DSK n'est plus là, il lui libère de la place". Or insiste-t-il "on peut penser que dans les cinq ou six points d'avance de DSK dans les sondages par rapport aux autres socialistes, une partie ira vers le centre".

Pour Gaël Sliman, le président du Parti radical et ancien ministre de l'Ecologie Jean-Louis Borloo paraît le mieux placé pour profiter de cette nouvelle donne. Il peut même espérer un score à deux chiffres au premier tour.

Dès ce dimanche, l'Elysée a donné pour consigne à l'UMP et au gouvernement de ne rien dire qui pourrait faire accuser le camp de Nicolas Sarkozy de récupérer l'affaire à des fins électorales. D'où l'extrême discrétion observée jusqu'ici dans l'entourage de Nicolas Sarkozy.