Le traitement réservé à DSK par la justice américaine indigne les socialistes

Par latribune.fr  |   |  496  mots
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Les images diffusées partout dans le monde du directeur général du FMI menotté puis de sa comparution devant la juge américaine qui a décidé de le maintenir en détention ont heurté plusieurs responsables socialistes. Robert Badinter estime que "ça n'a rien à voir avec la justice et en particulier la justice américaine".

Les responsables socialistes français ont dit mardi leur consternation et leur horreur face à ce qu'ils considèrent comme "la mise à mort médiatique" de Dominique Strauss-Kahn par la justice américaine.

S'ils ne remettent pas en cause le système accusatoire qui caractérise la justice américaine - c'est-à-dire qu'elle instruit exclusivement à charge -, ils estiment que la présomption d'innocence due au directeur général du Fonds monétaire international a été bafouée.

Le débat porte notamment sur la diffusion - monnaie courante aux Etats-Unis - des images à la fois de l'arrestation de Dominique Strauss-Kahn, menotté, à New York, pour agression sexuelle, tentative de viol et séquestration, et de sa comparution devant un tribunal pénal. "La violence de ces images d'un Dominique Strauss-Kahn à qui on n'avait pas permis de se raser, fatigué, qui n'était pas habillé normalement, tout cela porte atteinte à la dignité humaine", a déclaré, sur Europe 1, Elisabeth Guigou, qui lorsqu'elle était ministre de la Justice avait fait voté la loi de juin 2000 sur la présomption d'innocence.

De son côté, Martine Aubry, s'est déclarée "très choquée par les images". "Heureusement en France, depuis la loi Guigou de 2000, on ne peut pas montrer quelqu'un menotté, on ne peut pas humilier, on ne peut pas dégrader quelqu'un qui n'est pas encore jugé", a observé le premier secrétaire du Parti socialiste, sur France Info.

"C'est honteux" s'exclame Robert Badinter

Mais c'est Robert Badinter qui s'est montré le plus virulent dans ses critiques.  "Ce que j'ai vu hier, le spectacle de cet homme (...) exhibé, mitraillé par les photographes jusque dans la voiture où on l'apporte, c'est une mise à mort médiatique", s'est insurgé sur France Inter l'ancien garde des Sceaux qui ne cache pas son amitié pour le couple DSK-Sinclair. Selon lui, "on aurait très bien pu l'amener discrètement, on a voulu cette exhibition".

"On dit 'c'est la justice égale pour tous' - plaisanterie, dérision! En vérité, quand Strauss-Kahn est là assis au milieu des autres, il est ravalé délibérément au rang du minable dealer, sauf que le dealer, personne ne le connaît. Ce n'est même pas la double peine, c'est déjà la destruction" a-t-il expliqué, visiblement ému. Et de conclure : "C'est honteux, ça n'a rien à voir avec la justice et en particulier la justice américaine. Ça porte un mot, ça s'appelle une tragédie".

Jack Lang dénonce lui aussi "un lynchage". "La mise au pilori médiatique" du patron du FMI, qui était considéré comme le champion du Parti socialiste pour l'élection présidentielle française de 2012, "fait horreur et suscite l'écoeurement", a dit l'ancien ministre socialiste sur Europe 1.

Le député socialiste du Pas-de-Calais va plus loin. Il estime "pas impensable" que la magistrate qui a prononcé lundi le placement en détention provisoire de Dominique Strauss-Kahn ait voulu "se payer un Français".