Jean-Pierre Bel : « Il faut restaurer la confiance entre l'État et les collectivités territoriales »

Par Propos recueillis par Jean-Christophe Chanut  |   |  425  mots
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Le projet de Jean-Pierre Bel, nouveau président du Sénat, tel qu'exposé lors d'une interview accordée à la Tribune le 13 septembre dernier.

Pensez vous toujours que la gauche puisse obtenir la majorité au Sénat ?

Il faut se méfier des dernières lignes droites. Mais, même si la gauche prend 10 ou 15 sièges supplémentaires sans obtenir la majorité, nous aurons gagné. Cela dit, si, comme en 2008 (21 sièges gagnés, Ndlr), nous avons un cru exceptionnel et que nous obtenons la majorité ce sera une magnifique victoire. C'est la première fois depuis cinquante ans que nous en sommes si proches. À cet égard, il faudra bien un jour revoir le mode de scrutin pour tenir compte de la décentralisation. Nous proposons que les grands électeurs soient issus de deux collèges. Le premier avec des représentants des régions et départements assurant un tiers des voix. Le second avec les représentants des élus municipaux pour deux tiers des voix.

Quel serait le premier geste fort d'une présidence de gauche du Sénat ?

L'envoi d'une lettre à tous les élus locaux du pays pour renouer le lien coupé par Nicolas Sarkozy. Le président de la République les a stigmatisés et ignorés lors de l'adoption de sa réforme territoriale. Idem lors de la réforme de la taxe professionnelle, quand les arguments des grandes associations d'élus n'ont absolument pas été pris en compte. Nous convoquerions donc des États généraux des élus locaux avant la fin 2011.

Quelle serait l'attitude d'un Sénat de gauche dans le débat parlementaire sur des textes comme la loi de finances ou celle sur le financement de la Sécurité sociale ?

Nous serions dans une sorte de cohabitation inédite. De façon générale, il serait hors de question de tomber dans une attitude systématique d'obstruction car il faut tenir compte de l'intérêt général. Cela dit, le Sénat est aussi une assemblée politique. Alors, certes, la Haute Assemblée n'a pas le dernier mot dans la procédure parlementaire, mais nous serons extrêmement vigilants sur un texte aussi important que la loi de finances et nous saurons nous exprimer pour défendre nos valeurs.

Quelles propositions de loi un Sénat de gauche tenterait-il de pousser ?

Nous tâcherons de restaurer la confiance entre l'État et les collectivités territoriales en vue de renforcer leur autonomie fiscale et la solidarité financière entre le national et le local mais également entre les territoires via une péréquation. Nous déposerons une proposition de loi en ce sens.