Dacia Lodgy : Le monospace mini-prix maxi-prestations

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1156  mots
Copyright Reuters (Crédits : Photo DR - Salon de Genève)
Vous vous moquez de l'esthétique, du raffinement, des performances ! Vous attendez d'un véhicule qu'il vous conduise d'un point A à un point B en transportant le maximum de personnes et de bagages à un coût minimal. Alors, ce monospace est pour vous !

Vous n'aimez pas spécialement l'automobile. La voiture n'est pour vous qu'un outil de transport destiné à véhiculer votre famille et le plein de bagages d'un point à l'autre, au coût minimal. Alors, ne cherchez plus, voici l'engin idéal ! Le Lodgy est exactement ce qu'il vous faut, avec le meilleur rapport qualité-espace-prestations-prix du marché français. Inutile de chercher un concurrent. Il n'y en a pas. Question agrément, en revanche, il ne faut pas rêver !...

Simple et fonctionnel

Le Lodgy n'est ni beau ni moche. Sous ses allures de camionnette améliorée, il est tout simplement fonctionnel. Comme il n'a pas la moindre prétention, on lui pardonne volontiers de passer totalement inaperçu. Même chose à l'intérieur. C'est simple, rustique, pratique. Pas besoin de se casser la tête pour chercher tel ou tel gadget plus ou moins inutile ! Tout est à sa place et il n'y a de toutes façons que le strict minimum utile. Les matériaux sont durs, creux, bas de gamme, la présentation se révèle sans recherche particulière, l'ambiance grise très Pays de l'est... Tout ça fait utilitaire, mais apparaît sérieusement assemblé. On regrette quand même que les bacs de rangement ne soient pas revêtus de feutre ou de caoutchouc. Du coup, au premier virage, tous les objets brinquebalent. Mais la position de conduite est bonne - malgré un volant non réglable en profondeur -, les commandes - dures - sont à portée de main, les réglages sans chichis.

Habitabilité géante

Les sièges haut perchés assurent un confort correct, malgré leur fermeté. Mais, toute la hauteur disponible au-dessus de la tête donne l'impression de nager un peu dans l'habitacle. La large visibilité périphérique tranche avec les vitres bunkers des véhicules plus à la mode, l'accessibilité ne pose aucun problème et le formidable espace intérieur séduit. Il y a vraiment de la place partout, avec un coffre géant. Pour une familiale, le contrat est rempli. En dépit d'une modularité pas très intelligente. Les sièges arrière ne s'effacent pas dans le plancher... Ah, un détail horripilant: le bip-bip de ceinture a dû être puisé par Renault dans l'arsenal de torture de la Securitate du dictateur Ceaucescu lors du rachat du roumain Dacia. Le sifflement est inaudible plus de 15 secondes sans devenir fou. Impossible donc de manoeuvrer dans un parking sans être ligoté à son siège!

Moteur creux

Le petit diesel 1,5 dCi n'est pas un monstre de puissance. Mais, il meut le Lodgy très correctement. Question plaisir, mettez tout de même une croix dessus ! S'il démarre sans caler grâce à un embrayage bien dosé, ce moteur manque de répondant au-dessous de 1.500 tours. Et encore étions-nous seul à bord de cette version 110 chevaux, la plus puissante de la gamme ! Quid avec les sept places occupées et plein de bagages ? Bof... La progression en ville dans les embouteillages est assez heurtée. C'est mieux une fois passée la barre des 2.000 tours. Là, la cavalerie s'anime. La mécanique bruyante se conjugue en tous cas avec les multiples résonances de ce Lodgy pour générer un niveau sonore élevé. Clairement, on a fait des économies sur l'insonorisation. Les vitesses passent bien, mais avec une certaine rugosité. Le bilan mécanique est très défendable sur un tel modèle, mais un moteur de faible cylindrée ne fait jamais de miracles. Il faut donc très souvent rétrograder pour suivre le rythme de la circulation. Conséquence : la consommation est assez élevée en ville pour un si petit moteur.

A l'ancienne

La voiture est plutôt sûre, mais on se croirait à bord d'une Renault d'il y a vingt ans. La direction, assez ferme malgré l'assistance, ne filtre pas grand-chose. On ressent donc nettement l'état de la chaussée. Ladite direction ne revient d'ailleurs pas d'elle-même au point milieu. Quand on braque, il faut penser à ramener ensuite les roues en ligne droite, car, contrairement aux directions modernes, celle du Lodgy ne le fait pas spontanément. Les suspensions trépident volontiers en dépit de suspensions assez souples qui assurent malgré tout un certain confort. Vu les performances modestes et le prix de vente, acceptons le bilan dynamique ! Mais, ça n'a rien à voir avec un Renault Scénic !

Prix ultra-attractifs

Le Lodgy est disponible à partir de 9.900 euros avec moteur à essence de 85 chevaux. Evidemment, on n'a pas grand-chose à ce tarif. Pour un diesel, il faut compter 13.900 euros (90 chevaux, version Ambiance). La déclinaison 110 chevaux Privilège culmine à 16.500 ! Conseillons notre version d'essai avec le 1,5 dCi de 110 chevaux en finition Lauréate qui dispose des équipements de confort indispensables sur un véhicule contemporain. Il faut compter 15.500 euros (en cinq places). La gamme Renault Scénic va, elle, de 23.900 à 36.700 euros. Disons que, à espace intérieur comparable, la différence de tarif atteint au moins 10.000 euros sur une version diesel 110 chevaux ! Le Lodgy concurrence en fait plutôt les ludospaces comme le Grand Kangoo de Renault. Même si Dacia vient de sortir le Dokker, un Lodgy encore plus rustaud. Les options sont tout aussi économiques. La version sept places requiert 490 euros de plus, le contrôle de trajectoire 300, le GPS (de série sur Prestige) 430, l'aide au stationnement arrière (de série sur Prestige) 200...

100% rationnel

Le Lodgy est un véhicule assez fruste, réalisé à l'économie, sans raffinement, 100% rationnel, qui représente une vraie solution alternative pour ceux qui sont allergiques aux modèles d'occasion. C'est un véhicule pratique, logique, économique, utilisant des solutions techniques éprouvées, voire parfois dépassées. Ce souci de simplification assure de fait une bonne fiabilité et une robustesse louable, comme il ressort des enquêtes auprès des possesseurs de Dacia. Avantage : le Lodgy jouit du maillage du réseau Renault en France. Le service après-vente est d'ailleurs globalement réputé pour ses prestations, même si les clients Dacia semblent moins bien traités que ceux de Renault. Et pas de problème pour les pièces détachées, plutôt abordables et largement disponibles ! Bref, ce monsopace compact à bas coût assemblé dans la nouvelle usine de Tanger au Maroc et vendu sous la marque roumaine, filiale de Renault, est l'affaire du moment. Inutile de fouiner ailleurs, mais n'espérez aucune sensualité ! On vous a dit que c'était du rationnel pur.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Dacia Lodgy dCi 110 Lauréate (7 places) : 15.990 euros

Puissance : 110 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,50 mètres (long) x 1,75 (large) x 1,68 (haut)

Qualités : prix canon, habitabilité, fonctionnalité, réputation de robustesse, prestations correctes

Défauts : aucun raffinement, peu d'agrément, présentation triste et bas de gamme, bruit

Concurrents : Fiat Doblo Mjt 105 Dynamic : 19.990 euros ; Renault Gd Kangoo dCi 110 Authentique: 21.450 euros ; Citroën Berlingo HDi 115 Collection : 23.100 euros

Note : 14,5 sur 20