Volvo V40 : Sport et chic, la compacte suédoise

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1608  mots
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Avec un diesel de 150 chevaux et une boîte auto performante, le coupé à cinq portes compact suédois joue les belles GTI. Personnalité et plaisir de conduite au programme. Mais le train avant a du mal à passer la puissance...

Les Volvo s'adressaient traditionnellement à des grands bourgeois pondérés, raffinés, discrets, amateurs d'espace intérieur et de confort. Eh bien, ce n'est plus le cas aujourd'hui. Fini, la discrétion ! Les dirigeants de la marque de Göteborg veulent que leurs voitures se voient. Avec ses allures de coupé à cinq portes, la dernière V40 affiche des formes rebondies, effilées, très travaillées. Là, pas question de passer inaperçu ! D'ailleurs, nous l'avons constaté : on la regarde. Même si, personnellement, nous trouvons que Volvo en fait trop, avec des pliures de tôle dans tous les sens !

Intérieur cocon

L'intérieur est tout aussi personnel. On s'y sent à l'aise avec des sièges très confortables (et, selon les versions, un beau cuir soyeux), des commandes douces, des formes reposantes. Les amplitudes de réglage des sièges et du volant sont satisfaisantes, assurant une belle position de conduite. On retrouve la console centrale mince, très design -mais pas si pratique que cela, car il est difficile d'y glisser des objets derrière. La finition est très correcte, mais plus proche de celle d'un constructeur généraliste que d'un spécialiste allemand du haut de gamme. Du moins sur notre modèle d'essai, pourtant en finition haute Summum. Quelques plastiques détonnent en effet, comme celui qui entoure le bloc d'instrumentation. Recommandons les harmonies intérieures beige, bien plus chaleureuses, raffinées et qui donnent visuellement l'impression de davantage d'espace à bord que la noire !

Habitabilité et visibilité limitées

Nous déplorons quand même une surface vitrée réduite. Les montants épais à l'avant limitent la visibilité, tous comme la ligne de caisse qui remonte vers l'arrière. Et, si vous avez gardé l'idée des Volvo carrées et spacieuses, révisez vos classiques ! La V40 est un peu étriquée, avec une accessibilité à l'arrière problématique. Impossible d'entrer ou sortir sans se contorsionner. Et, une fois installé à l'arrière, on constate le manque de place pour les jambes ou la garde au toit limite pour les grands gabarits (des suédois, par exemple ?). Quant à la faible largeur de la banquette, elle n'autorise pas une cinquième personne. Bref, c'est une 2+2 pour un couple avec deux enfants en bas âge au maximum. Le coffre, très profond, est pratique mais pas immense non plus.

Ergonomie compliquée

Là où Volvo n'évolue pas non plus dans le bon sens, selon nous, c'est sur l'ergonomie... Nous sommes dubitatifs sur des tas de fonctions complexes, permettant de régler tout et n'importe quoi, qui ne servent pas toujours à grand-chose. Jadis loué pour la simplicité de ses commandes, Volvo a tout compliqué, sans doute débordé par toutes les fonctions qu'il a ajoutées. Du coup, l'ordinateur de bord est peu aisé d'utilisation et peu intuitif. Et impossible sur l'écran central de régler une station de radio quand la carte de GPS est affichée. Il faut alors recourir à de fastidieux menus et sous-menus, en quittant la route des yeux. Absurde et dangereux. Pas la peine de nous barder de bips-bips sécuritaires intrusifs au nom de la sécurité, si, en même temps, on limite la visibilité extérieure et on rend n'importe quelle recherche de fonction compliquée. Applaudissons toutefois à l' «airbag» piéton qui se déploie à l'extérieur en cas de choc avec un... piéton. «Conçue pour prévenir», comme l'affirme son constructeur, la V40 est bardée de tout un arsenal destiné à réduire les accidents. Le «City Safety» est ainsi un système de prévention et de freinage automatique en cas d'urgence. Ce dispositif signale au conducteur un risque de collision par une alarme et, au pire, réagit à la place de l'automobiliste. Le véhicule est également doté de capteurs radar avertissant le conducteur en marche arrière de la présence de véhicules en approche. Il y aussi un système de surveillance des angles morts. Bref, c'est formidable... sur le papier. Car, dans la pratique, tout ça clignote et «bipe» intempestivement. Ces systèmes sont trop sonores et intrusifs. Le dispositif anti-collision -non déconnectable- intervient trop souvent. Impossible ainsi, en montagne, de s'approcher d'un véhicule pour le doubler sans que le système couine...

Plate-forme réussie d'origine Ford

La V40 reprend la plate-forme de la Ford Focus, la compacte de son ex-actionnaire américain. Une excellente idée, tant la Focus est louée pour ses qualités routières. Sur cette base, Volvo a donc concocté cette berline compacte, de gamme moyenne inférieure comme on disait jadis, pour s'attaquer aux Volkswagen Golf, Peugeot 308, Renault Mégane, Citroën C4... Audi A3 ou BMW Série 1. Le moteur D3 cinq cylindres de 150 chevaux donne entièrement satisfaction sur notre modèle d'essai, judicieusement couplé à la boîte automatique Geartronic (2.000 euros) qui lisse le manque de répondant au démarrage avec la transmission manuelle. Dotée désormais d'une position « S » (Sport), cette boîte auto rétrograde efficacement. Si le mode traditionnel «D» est on ne peut plus placide, le mode «S» apparaît très réactif ! Du coup, «notre» D3 était une vraie GTI ! Etonnant. Accélérations et reprises canon sont au programme. Là, le label sportif n'est nullement usurpé. Un vrai plaisir. Sur route, c'est un régal complet. Les amateurs de conduite apprécieront. On s'y croit d'autant plus que chaque poussée s'accompagne des vocalises rauques du cinq cylindres. Bravo. Ca faisait longtemps qu'on n'avait pas conduit -pardon, piloté- une compacte diesel aussi vive. Seulement, voilà: la réactivité est telle que... à basse vitesse, les relances sont parfois violentes. Du coup, la transmission en position «S» est presque trop vive, occasionnant quelques secousses et à-coups.

Train avant limité

Car, le train avant a du mal à laisser passer une telle puissance, qui déboule d'autant plus violemment que le moteur est creux à bas régime et ne s'active que lorsque le turbo se déclenche. Du coup, quand la puissance arrive, elle débarque avec une brusquerie qui désoriente les roues avant, les fait trembler, hésiter. Celles-ci cherchent leur voie et retransmettent ces désagréables réactions dans le volant. Eh oui, cette traction avant est un peu dépassée par les événements! Rien de dangereux. Mais, ça fait désordre. Sur des pavés mouillés, il faut bien doser l'accélérateur. Sinon, gare...

Confort ferme

A part le dosage obligatoire des accélérations, pas toujours facile, le comportement routier n'est jamais pris en défaut. La voiture adhère bien au bitume. Mais la direction, un rien lourde et collante, donne parfois l'impression de manquer de précision. En man?uvres, on déplore aussi le rayon de braquage démesuré. Le confort est ferme. Mais, cette fois, nous disposions d'une monte pneumatique de série moins extrême (50 R 17) que celle, en option, testée lors des essais en Italie des premiers exemplaires (45 R 18). La version de série, ainsi gréée, n'est pas critiquable. La voiture ne se montre jamais inconfortable, tant elle paraît rivée à la route sur ses appuis. Les suspensions sont sèches mais ne tressautent pas. Compte tenu du caractère sportif du véhicule, le compromis est satisfaisant. Et les beaux sièges filtrent si bien !

Bonne auto... chère

Globalement, la V40 est une bonne auto fort attachante et pleine de personnalité, puissante, dotée d'une gamme de moteurs cinq cylindres sympathiques - sauf la peu dynamique D2 à moteur quatre cylindres de 115 chevaux -, soigneusement conçue et fabriquée. Une compacte qui procure des sensations ! Elle est moins homogène qu'une allemande ou une française, mais, nous, on l'aime bien, car elle a du caractère. Malgré ses défauts. Il faut cependant l'acheter en connaissance de cause. Car elle est peu spacieuse, plutôt sportive, voire un peu brutale dans ses réactions. Quand on vous parlait de GTI... diesel! Ses tarifs ne la mettront pas à portée de toutes les bourses. La gamme démarre à 24.980 euros (D2 Kinetic). Pour le moteur D3, comptez 26.600 euros. «Notre» D3 Summum plutôt luxueuse requiert 3.650 euros en supplément. Soit 30.250 plus les 2.000 de boîte auto. Jusqu'au 1er janvier, il n'y a pas de malus (rejets de 136 grammes de C02 au kilomètre, contre 114 avec la transmission manuelle). Mais, avec les nouvelles surtaxes concoctées par notre gouvernement, elle sera passible d'un racket fiscal se montant à 100 euros. La Volvo est plus chère qu'une BMW 1 équivalente. Un peu gonflé, non? Les consommations ne sont pas super économiques non plus. Notre D3 auto a consommé plus de 10 litres aux cents, en profitant il est vrai à plein des ressources de la mécanique. Notons que le «Stop and start» (arrêt et redémarrage automatiques du moteur au feu rouge), censé diminuer les consommations, ne fonctionne pas en position «S». Les pièces détachées sont également un tantinet onéreuses chez Volvo. En revanche, la marque jouit d'une belle réputation de fiabilité et de longévité.
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Volvo V40 D3 Geartronic Summum : 32.250 euros (+100 euros)

Puissance du moteur : 150 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,37 mètres (long) x 1,80 (large) x 1,44 (haut)

Qualités : forte personnalité, sièges agréables, comportement routier très correct, moteur plaisant, boîte auto ultra-réactive (« S » )...

Défauts : ...mais brutale (« S »), train avant peu efficace, direction lourde, prix élevé, habitabilité réduite

Concurrentes : Citroën DS4 Sport Chic HDi 160 bva : 31.100 euros, BMW 118d Lounge (automatique) : 31.750 euros.

Note : 14,5 sur 20