Volvo XC 70 : L’art de vivre scandinave pour gentleman-farmer

Par Alain-Gabriel Verdevoye  |   |  1474  mots
Elle n’est pas très agile et n’aime guère être brusquée. Mais cette grande voiture, confortable, onctueuse et accueillante, dotée d’un beau moteur, est une belle illustration de l’art de vivre scandinave.

4x4, « SUV », « Crossover » ? Eh bien, non ! La Volvo XC 70 est une « Cross Country ». C'est-à-dire en l'occurrence un grand break tous chemins surélevé. Un type de véhicule moins haut qu'un 4x4, reprenant l'architecture et la carrosserie d'un break classique grimé en « baroudeur ». Avantage : ça se conduit en principe comme une voiture traditionnelle et c'est moins cher à développer. C'est le constructeur américain AMC aujourd'hui disparu qui avait créé ce genre de véhicules en 1977 avec l'Eagle. Toyota avec les Tercel puis Corolla, Subaru avec l'Outback et Audi avec l'Allroad ont adopté ce genre de formule. Volvo lui-même avait lancé la première « Cross Country » en 1997. Aujourd'hui, la XC 70 est une solution alternative au vrai « SUV » comme le XC 60. Il s'en est vendu 25.500 l'an dernier dans le monde, dont 800 en France.

 

 Costaud, intemporel

Cette grande voiture carrée, costaude, à la silhouette intemporelle qui vient d'être restylée distille une vraie élégance cossue, discrète et sans agressivité. C'est chic, typiquement Volvo, et sans ostentation. Une Volvo, ce n'est pas une BMW ou une Audi ! De plus, les protections en plastique noir préservent des petits chocs la carrosserie, reprise du break historique V70. A l'intérieur, la séduction opère également. C'est accueillant, hospitalier, solide, bien fini. Les formes, celles du break V70, sont simples, nettes, douces. Rien à voir avec les lignes torturées à souhait d'une Citroën DS5 par exemple. L'harmonie beige avec le haut de la planche de bord brun de notre modèle d'essai était douce et chaleureuse.

L'art de vivre scandinave est ici bien illustré. Les inserts en bois brut sont « classe » sans esbroufe. Le cuir moelleux des sièges, une tradition chez Volvo, est souple et sensuel au toucher… Mais glissant ! Comme les assises sont assez planes et les dossiers larges, le corps n'est pas bien maintenu en virage. Du coup, on essaye constamment de rechercher un équilibre précaire en virage. Dommage, car ça finit par être fatigant. Là, Volvo peut progresser.

Commandes douces

Les commandes sont suaves , bien à portée de la main. Mais l'écran central est assez agaçant, tant les multiples possibilités rendent les manipulations fastidieuses et dangereuses - on regarde tout sauf la route. Sinon, on a ses aises. On ne se cogne pas en entrant ou en sortant grâce aux formes carrées. Bref, une vraie grande voiture, peut-être un peu surannée mais hospitalière comme un salon, avec l'avantage d'une belle surface vitrée, qui n'est malheureusement plus à la mode depuis la vogue des vitres bunker ! Cependant, par rapport au gabarit, l'habitabilité n'a en fait rien d'exceptionnel. Quant au coffre, géométrique, il est profond mais sa hauteur sous tablette se révèle assez réduite.

Un régal, ce moteur

Le moteur cinq cylindres D5 est un régal de puissance et d'onctuosité, le tout avec une sonorité rauque dont on ne se lasse pas. Heureusement, car la mécanique est sonore ! Ce cinq cylindres maison est aussi à l'aise dans les accélérations que dans les reprises à bas régime - ah, les gros moteurs de forte cylindrée, c'est autre chose que les mini-mécaniques creuses et rugueuse politiquement correctes ! Cette belle mécanique est couplée à une transmission automatique à six rapports (en option) veloutée et dotée enfin d'une position « S » (Sport) qui la rend fort réactive. Sur route sinueuse, la transmission rétrograde tout seule ou sur un simple coup de frein. Très agréable ! Cet ensemble mécanique procure un grand plaisir de conduite avec constamment une rassurante réserve de puissance. Malheureusement, les consommations ne sont évidemment pas très économiques. En profitant bien des ressources du moteur, nous avons consommé 9,5-10 litres aux cents. Pas sobre, mais pas rédhibitoire vu l'agrément, la puissance et le poids.

 Comportement sûr mais un peu flou

Avec une garde au sol surélevée et des suspensions souples, le comportement routier est un peu flou, genre paquebot, mais sans danger. La suspension réglable est à mettre en position « Confort » en ville », mais il ne faut pas hésiter à la passer en « Sport » sur route sinueuse. Les trains roulants se raffermissent, deviennent un peu plus précis - mais pas beaucoup -, sans dégrader le confort, à moins d'être sur une route défoncée. La position « Advanced » un peu extrême et trépidante se marie, en revanche, assez mal avec le caractère de la voiture, typée grande routière. De toutes façons, même en jouant avec les réglages, la XC 70 demeure une voiture rapide, mais pas sportive. Il ne faut pas s'attendre à une grande agilité. Même s'il se vautre sur ses suspensions en changeant d'appuis, le véhicule s'accroche suffisamment en virage. La direction, très douce, manque toutefois un peu de finesse. Notons au passage que la transmission aux quatre roues AWD permet de passer la puissance aux roues sans rechigner. Intéressant, alors que la version à simple traction avant met souvent à mal le train avant en accélération, notamment sur le mouillé.

Confort soigné

Bref, tout cela est sûr, mais pataud pour descendre un col. On pardonne toutefois, car la souplesse des trains roulants engendre un confort remarquable. Même avec des grandes roues et des pneus à flancs semi-bas (50R18), la douceur desdits trains roulants demeure de haut niveau, sauf sur chaussée très abîmée. Les ralentisseurs sont absorbés sans frémir et la prévenance des suspensions pour les dos fragiles en tous chemins est assez étonnante. Précisions au passage que la XC 70 AWD permet d'affronter la neige et des chemins pas trop boueux, aidée par des pneus « M+S » (boue et neige) polyvalents. Mais, bien sûr, ce break surélevé n'est pas du tout un tout-terrain, au plus un tous-chemins si lesdits chemins ne sont pas trop creux.

Cher, cher

Une Volvo, ce n'est pas donné, certes. Comptez 44.250 euros pour une XC70 D4 163 chevaux de base à simple traction avant. Avec 2.000 euros de supplément, on accède à la transmission AWD aux quatre roues, très utile ! La XC 70 D5 de 215 chevaux AWD est à 48.150 en boîte manuelle, et à 50.150 avec la très recommandable boîte auto Geartronic. Le tout en finition Momentum, déjà très appréciable avec notamment les sièges en cuir. C'est celle que nous conseillons quitte à s'offrir quelques options. Notre modèle d'essai disposait, lui, d'une finition Xenium de très haut de gamme à 57.040 euros, aïe ! Certes, là, on a tout ce qu'il faut, mais y compris ce dont on se passerait volontiers !…

Plein de bips-bips

Sièges chauffants électriques, toit ouvrant, caméra de recul (hélas couplée avec les bips-bips… Si on coupe le son, on coupe aussi l'image !), régulateur adaptatif, anticipation de collision piétons-cyclistes, alerte de vigilance, détecteur sur les côtés… Bref, tous les équipements de sécurité sont présents. Mais nous avons dû les couper, non sans mal vu les menus et sous-menus abscons et complexes à moins d'être ingénieur informaticien !

En effet, toute cette débauche de dispositifs sécuritaires est formidable sur le papier, mais exaspérante au bout de quelques minutes de circulation en ville, tant ça clignote et couine pour tout et pour rien… Crise de nerfs assurée ! A la somme rondelette, il faut ajouter un cadeau au fisc de 1.500 euros de l'inénarrable super-malus prétendument écologique.

 Pièces détachées chères

Les grandes Volvo sont d'excellents véhicules solidement construits, avec une bonne réputation de longévité, comme en témoignent les vieilles 240 ou 740 que l'on voit encore en Suède, malgré la rigueur des hivers, toujours aussi rutilantes malgré leur trentaine d'années ou plus. Seul bémol: des pièces détachées chères. Surtout à Paris, l'entretien est onéreux.  Sinon, nous, on aime, ces grosses voitures cossues, robustes, confortables, sans l'arrogance des rivales allemandes. D'ailleurs, les voyous, de la petite frappe de banlieue au chef mafieux, adorent parader en Audi, BMW ou Mercedes, mais délaissent complètement les belles suédoises. C'est dire si ces dernières sont discrètes et de bon goût !

 

Modèle d'essai : Volvo XC70 D5 AWD bva Xenium : 57.040 euros (+1.500 euros de malus)

 

Puissance : 215 chevaux (diesel)

 

Dimensions : 4,84 mètres (long) x 1,86 (large) x 1,60 (haut)

 

Qualités : élégance intemporelle des lignes, habitacle cossu et chaleureux, qualité de finition, confort, mécanique puissante et veloutée, transmission réactive, comportement sûr…

 

Défauts : …mais un peu flou, sièges maintenant mal le corps, sous-menus de l'ordinateur abscons, bips-bips sécuritaires horripilants, rayon de braquage démesuré

 

Concurrente : Audi A6 Allroad Quattro S-Tronic V6 3,0 TDi (204 ch) Ambition Luxe: 62.260 euros

 

Note : 15,5 sur 20