La Tour Triangle passera... avec quelques trahisons

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  552  mots
Paris manque dangereusement d'immobilier de bureaux connectés et innovants tels que les recherchent les investisseurs et les entreprises françaises et étrangères.
Officiellement Anne Hidalgo n'a pas la majorité au conseil de Paris pour faire passer la tour Triangle, projet emblématique porte de Versailles. Mais si, le 17 novembre, le vote se déroule à bulletin secret, des élus UMP et UDI oublieront les consignes de Nathalie Kosciusko-Morizet pour assurer une majorité à la maire.

Longtemps l'UMP et l'UDI ont soutenu le projet de la tour Triangle. En 2013 encore, au Conseil de Paris alors qu'Anne Hidalgo, première adjointe, était rapporteure du projet. Puis Nathalie Kosciusko Morizet, non élue parisienne à l'époque, a mené la campagne municipale de l'UMP, a discuté un jour avec les associations de riverains qui pullulent dans et autour de la future tour, et, encore peu au courant du dossier, elle a affirmé qu'elle s'opposerait, quoi qu'il arrive, à l'édification de la susdite tour. Aucun élu UMP n'était bien sûr au courant. Depuis NKM n'a pas bougé d'un iota. Il y a eu des débats entre élus UMP, avec les maires UMP de Paris dont beaucoup n'avaient pas franchement envie de voter contre ce qu'ils avaient soutenu auparavant, mais elle a tenu bon.

Or, à partir du 17 novembre, le conseil de Paris doit donner son accord définitif au projet et Anne Hidalgo n'a plus sur le papier la majorité pour le faire passer : les 16 écologistes y sont fermement opposés (y compris les adjoints verts de la maire qui ont sorti la tour Triangle de l'accord électoral entre les deux tours), le groupe UDI-Modem (16 élus) est officiellement contre, le groupe UMP est officiellement contre (sauf un élu, Jérôme Dubus, qui soutiendra), le PCF et le Front de Gauche serait a priori contre, etc... Bref, sur un projet phare de sa mandature, Anne Hidalgo n'aurait pas de majorité. Sauf si le vote se fait à bulletin secret, ce que le PS devrait problablement demander.

L'argument économique avant le calcul politicien

Là, le résultat n'est pas le même. Les communistes (qui ont toujours su faire évoluer une position si la négociation de couloirs avec le PS est concluante) peuvent ne pas être aussi tranchants. Idem à l'UDI où l'on compte pour l'instant 4 élus qui ont une forte envie de dire oui (Christian de Saint-Etienne et Yves Pozzo di Borgo probablement). Et, surtout à l'UMP, six ou sept élus pourraient faire défaut à Nathalie Kosciusko-Morizet. Non pas parce qu'Anne Hidalgo ou Jean-Louis Missika auraient su les convaincre, mais parce qu'ils ont toujours été pour et que l'argument économique passe pour eux avant le calcul politicien à très court terme et la mise en minorité de la maire. Dit autrement: de la Fédération française du bâtiment au Medef en passant par la CCI Paris Ile-de-France, les milieux économiques parisiens sont violemment pro-Hidalgo.

Paris manque dangereusement d'immobilier de bureaux connectés et innovants tels que les recherchent les investisseurs et les entreprises françaises et étrangères. Or, à Paris, il n'y a que deux lieux possibles : Clichy-Batignolles ou, contrairement à la rumeur, ce type d'immobilier trouve preneur sans problème, et la tour Triangle. Deux fois 80.000 m2, cela ne se refuse pas. Surtout ceux de la tour Triangle qui jouxte le Parc des Expositions - que la CCI rénove pour 500 millions d'euros.

L'intérêt économique est évident, le refus serait rude et, surtout - c'est un argument de la maire de Paris -, l'un des plus mauvais signaux envoyés à l'international, aussi bien pour le geste architectural que pour l'attractivité économique de Paris. Mais, à bulletin secret, tout semble désormais possible.

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