Grand Paris : l'emploi arrive

Par Jean-Pierre Gonguet  |   |  924  mots
Jeudi 22 janvier au soir, à Aubervilliers, réunion de Grand Paris Emploi avec Philippe Yvin, président de la Société du Grand Paris (1er à g.), Jean-Paul Huchon, président du Conseil régional d'Ile-de-France (3e à g.) et Jean Daubigny, préfet d'Ile-de-France (5e à g., de profil).
Le Grand Paris va devenir concret pour le grand public : il va découvrir Grand Paris Emploi qui centralise les premières des 115 000 offres d’emploi prévues sur tous les chantiers d’infrastructures. Parallèlement le préfet d’Ile de France a présenté un bilan d’étape des 12 milliards d’investissements d’avenir sur la région.

Grand Paris Emploi est né. Porté sur les fonts baptismaux par François Rebsamen, Jean Paul Huchon et le préfet de région Jean Daubigny le « Grand Paris emploi » sera visible début mars sur le site de Pôle emploi.

Un guichet unique pour les offres d'emploi liées à la construction du Grand Paris. La montée en puissance des offres labellisées Grand Paris va être progressive pour atteindre la vitesse de croisière à partir de 2018 : 18.000 offres annuelles pour les seules questions de construction d'infrastructures et pour la fourniture des équipements et du matériel.

Potentiellement ce sont 115.000 emplois qui devraient être liés directement au Grand Paris dans les 15 années qui viennent. Il y aura également, en parallèle, la plus grande opération d'insertion sociale jamais réalisée en France : la Société du Grand Paris estime à 20 millions le nombre d'heures de travail pour les gens en insertion tout au long du chantier et liées aux appels d'offre

 Travail en commun de toutes les institutions

C'est surtout la méthodologie de l'opération qui est importante. Et pas facile car quelques institutions vont devoir un peu forcer leur nature : Pôle emploi va mobiliser les entreprises pour les informer et les pousser à centraliser leurs offres sur l'espace créé et adapter ses propositions de formations, les organismes consulaires vont pousser les TPE et PME à prendre les marchés du Grand Paris ( la CCI Ile de France vient de nommer Loic Chouin pour s'occuper du dossier dans le cadre de la mission Grand Paris qu'elle vient de créer), la région en charge de la formation s'adapte très rapidement aux demandes de plus en plus particulières du Grand Paris (mais des travaux de prévision ont été déjà été réalisés pour l'aider), les rectorats vont devoir sensibiliser aux métiers en train de naitre les collégiens, et l'Etat et les collectivités vont devoir augmenter les emplois d'avenir et d'alternance...

Un comité de pilotage a donc été créé qui rassemble toutes les parties et qui chapeauter toute la partie emploi et insertion du Grand Paris jusqu'en 2020. La préfecture d'Ile de France devrait en être le pivot comme elle l'est sur les investissements d'avenir dont le préfet Jean Daubigny vient de faire un bilan d'étape

12 milliards d'investissements d'avenir

644 projets en Île-de-France pour un soutien total de 12,136 milliards d'euros, c'est le nombre et le montant de projets sélectionnés en Ile de France dans le cadre des Investissements d'avenir. Selon Louis Schweitzer, le Commissaire général à l'Investissement,  l'Ile de France a déjà bénéficié de près de 40% des crédits déjà engagés du PIA 1 (celui lancé en 2010 dans la foulée de la commission Juppé-Rocard), soit une part très supérieure au poids économique de la région (30% du PIB) et équivalente à son potentiel scientifique de recherche et développement.

La première partie du programme a permis de lancer quelques restructurations territoriales et industrielles majeures sur le territoire. Le projet ville durable autour de la Cité Descartes, le véhicule décarbonné sur Versailles Saint Quentin, la filière numérique à Paris, et surtout deux projets majeurs en cours de réalisation : la réorganisation de Saclay et le territoire de la santé numérique

Restructurer Paris Saclay pour le rendre compréhensible

C'est peut-être l'objectif majeur des programmes d'investissements d'avenir en Ile de France. C'est en tout cas celui de l'Etat et du président du Campus Paris Saclay, Dominique Vernay. Ce dernier a quand même pris acte que «le potentiel de recherche était exceptionnel» mais qu'il était «réparti sur 19 institutions sans cohérence d'ensemble sur un territoire très vaste ». Le campus a  beau être truffé de prix Nobel, de médailles  Fields et autres médailles du CNRS   les établissements sont de tailles, cultures, modes de fonctionnement, statuts et ministères de tutelle différents.

Et à cela s'ajoute «une dispersion géographique sans cohérence thématique, sur un territoire peu aménagé, peu lisible, pas facile d'accès et sans véritable lieu de centralité ».  Le verdict est sévère, la décentralisation ayant été quelque peu excessive sur le plateau. Les investissements d'avenir qui vont être réalisés sur le plateau ont donc pour but de restructurer tout cela, de donner cohérence et visibilité avec en particulier une université qui fonctionnera sur le modèle de celle de Cambridge et la transformation progressive de Paris Saclay en un gigantesque hub de la recherche publique et privée.

Développer le territoire de la santé numérique dans le Val-de-Marne

C'est un autre objectif des investissements d'avenir. Un territoire de 370.000 habitants au sud de Paris et dans le Val de Marne développé par l'ARS que dirige Claude Evin. C'est l'application de l'e-santé sur un territoire sur un territoire urbain et dense avec, selon Claude Evin, « une population jeune, plutôt socialement défavorisée » mais «plus de 1.000 professionnels de santé libéraux installés, 3.800 lits répartis sur 10 établissements dont 1 CHU et beaucoup de centres de santé de proximité ».

Le projet de numérisation du parcours santé se développe sur 3 ans pour tourner à plein régime en 2017 : en novembre une grande plate-forme numérique de santé connectant médecins et habitants sera opérationnelle et elle offrira un bouquet de services numériques et testera en réel toutes les innovations technologiques qui méritent de l'être.