Forte rechute à Wall Street après les chiffres de l'emploi du secteur privé

Par latribune.fr  |   |  1220  mots
La dégradation du marché de l'emploi, la baisse de la production d'Alcoa et l'avertissement sur résultats d'Intel ont plombé les marchés américains ce mercredi. Du coup, le Dow Jones perd 2,72% à 8.770 points, le Nasdaq recule de 3,23% à 1.599 points et le S&P 500 cède 3% à 907 points.

693.000, c'est le nombre de postes détruits en décembre par le secteur privé américain selon le cabinet spécialisé ADP. A deux jours des statistiques officielles du Département du Travail, publiées ce vendredi, la forte dégradation du marché de l'emploi a plombé à nouveau les places américaines. D'autant que le géant de l'aluminium Alcoa a annoncé une nouvelle baisse de sa production et qu'Intel a lancé un avertissement sur résultats.

Du coup, le Dow Jones perd 2,72% à 8.770 points, le Nasdaq recule de 3,23% à 1.599 points et le S&P 500 cède 3% à 907 points.

Le rebond de Wall Street depuis la fin novembre apparaît de plus en plus fragilisé, après une série de statistiques alarmantes et alors qu'approche la saison des résultats. Mardi, les commandes à l'industrie et les promesses de ventes de logements ont déjà fortement déçu les économistes. Les marchés ont pourtant résisté dans l'attente du vaste plan de relance de l'économie promis par Barack Obama, qui rentrera en fonction le 20 janvier prochain.

Ce mercredi, ce sont les chiffres de l'emploi du secteur privé qui ravivent les inquiétudes. 693.000 postes y ont été détruits le mois dernier, selon l'enquête d'ADP Employer Services. Depuis la création de cette série en 2001, jamais le nombre de suppressions d'emplois n'avait été aussi élevé. Les économistes ne tablaient que sur 473.000 destructions. Et les chiffres du mois de novembre ont fortement été revu à la hausse, passant de 250.000 à 476.000.

De mauvaise augure à deux jours de la publication des statistiques officielles. En novembre, le Département du Travail avait enregistré 533.000 suppressions d'emplois, au plus haut depuis le choc pétrolier de 1974. Les analystes s'attendent à 500.000 destructions de postes pour le mois de décembre, ce qui porterait le taux de chômage à son plus haut niveau depuis 15 ans, à 7% de la population active. Mais les chiffres pourraient bien être bien plus catastrophiques.

Autre chiffre inquiétant: celui du déficit budgétaire. Il pourrait dépasser les 10% du Produit intérieur brut (PIB) en 2009, selon un rapport du bureau du Congrès américain (CBO). Pour l'instant, le CBO chiffre le déficit budgétaire à 1.200 milliards de dollars, soit 8,3% du PIB. Mais cette estimation ne prend pas en compte les dépenses liées au plan de relance que Barack Obama va mettre en place après son investiture le 20 janvier. Son montant sera d'au moins 775 milliards de dollars sur deux ans.

Du côté des valeurs, Alcoa plonge de 10,15% à 10,89 dollars. Le numéro un mondial de l'aluminium, deuxième plus forte baisse du Dow Jones en 2008, a annoncé mardi soir qu'il allait de nouveau réduire sa production de 18%. Le groupe va en outre supprimer 13.500 emplois pour faire face au ralentissement de la demande et à la repli des cours mondiaux, qui ont chuté de près de 50% depuis juillet dernier. Un gel des salaires et des embauches, la vente d'actifs non stratégiques et la baisse de moitié des ses investissements ont également été annoncés.

Intel chute de 6,05% à 14,44 dollars. Le numéro un mondial des microprocessus a lancé ce mercredi un avertissement sur ses résultats du quatrième trimestre. Le groupe n'attend plus qu'un chiffre d'affaires de 8,2 milliards de dollars en raison du ralentissement du marché mondial d'ordinateurs, contre 9 milliards attendus précédemment. Les marchés escomptaient jusque là des ventes de 8,78 milliards de dollars. Dans le sillage d'Intel, AMD cède 4,32% à 2,66 dollars.

Time Warner cède 6,28% à 10,29 dollars. Le groupe américain de médias a indiqué ce mercredi qu'il devrait être déficitaire en 2008 après sa décision de procéder à l'amortissement accéléré de 25 milliards de dollars d'écarts d'acquisition sur ses activités câble, édition et Internet. Il tablait précédemment sur un bénéfice par action compris entre 1,04 et 1,07 dollars.

Le secteur bancaire est également mal orienté. Notamment les deux dernières banques d'affaires indépendantes de Wall Street, Goldman Sachs et Morgan Stanley, qui perdent respectivement 4,75% à 84,50 dollars et 7,56% à 18,10 dollars. Selon Meredith Whitney, la très influente analyste d'Oppenheimer, ces dernières devront à nouveau lever des fonds en 2009 en raison de nouvelles dépréciations sur les titres adossés à des crédits immobiliers au quatrième trimestre 2008. Les deux banques, qui ont perdu chacune plus de 2 milliards de dollars sur les trois derniers mois de l'année dernière, pourraient enregistrer 40 milliards de dollars de dépréciations cette année.

JPMorgan Chase cède 5,99% à 28,09 dollars après qu'un analyste de Sandler O'Niell & Parteners a estimé que la banque devrait être dans le rouge au quatrièlme trimestre. Il table sur une perte de 10 par action, contre un bénéfice de 16 cents attendu précédemment, en raison notamment de dépréciations d'actifs désormais évaluées à 2,5 milliards de dollars, au lieu de 1,4 milliard.

Bank of America recule de 3,99% à 13,71 dollars. La banque de Caroline du Nord, qui a finalisé la semaine passée le rachat de la banque d'investissement Merrill Lynch, a annoncé avoir vendu une partie de sa participation dans China Construction Bank, passant de 19,1% à 16,6% du capital de son homologue chinoise. Cette opération lui a permis de recueillir 2,8 milliards de dollars, dégageant une plus-value de 1,13 milliard de dollars.

Les valeurs pétrolières font les frais du très net repli des cours du pétrole, qui ont chuté de près de 6 dollars à New York en raison de la forte progression des stocks américains en produits pétroliers. Exxon Mobil perd ainsi 2,55% à 78,25 dollars, Chevron abandonne 4,38% à 73,96 dollars et ConocoPhillips se replie de 4,38% à 53,24 dollars.

Du côté des hausses, Monsanto grimpe de 17,67% à 86,16 dollars. Le producteur américain de semences génétiquement modifiées a dégagé un bénéfice net de 556 millions de dollars au titre de son premier trimestre. Cela représente un bond de 117% par rapport à l'an passé. Par action, les profits s'établissent à 1 dollar, contre seulement 59 cents attendus par les analystes. Fort de cette performance, le groupe a revu à la hausse son objectif de bénéfice sur l'ensemble de l'exercice, désormais compris entre 4,40 et 4,50 dollars par action. La fourchette précédente allait de 4,20 à 4,40 dollars.

General Motors prend 4,82% à 4,13 dollars. Le premier constructeur automobile américain a assuré ce mercredi qu'il disposait d'assez de liquidités pour faire face au pire des scénarios envisagés par ses dirigeants. Le groupe de Detroit, dont les ventes ont encore chuté de 31% en décembre, a touché le premier versement du prêt-relais de 13,4 milliards de dollars accordés par le Trésor américain. Et son ex filiale de services financiers GMAC (dont il détient encore 49% aux côtés du fonds Cerberus avec 51%) a bénéficié d'une aide de 6 milliards de dollars.

Enfin, Dow Chemical prend 0,19% à 16,08 dollars. Le groupe chimique pourrait retarder le rachat de son concurrent Rohm & Haas afin de lever les liquidités nécessaires, affirme ce mercredi le Financial Times. Cette opération, dont le montant atteint 15,4 milliards, est menacé par l'abandon par le Koweït d'un projet de coentreprise dans la pétrochimie. Le numéro un américain du secteur a par ailleurs annoncé mardi qu'il allait poursuivre en justice le Koweït et qu'il était en discussions avec d'autres entreprises intéressées par une coentreprise dans le plastique.