La Bourse vote à gauche...en apparence

Par Christine Lejoux  |   |  403  mots
La Bourse de Paris n'est pas plus enthousiasmée par le programme économique de Nicolas Sarkozy que par celui de François Hollande.Copyright Reuters
Le marché parisien grimpe de près de 6% par an, sous un gouvernement de gauche, alors qu'il progresse d'à peine plus de 2% lorsque la droite est au pouvoir, selon une étude du chercheur David Le Bris.

 Dimanche 22 avril, dans un bureau de vote du 8ème ou du 16ème arrondissement de Paris. Grands banquiers, traders, gérants de fonds de capital-investissement, ils font glisser dans l'urne un bulletin a priori estampillé « Nicolas Sarkozy. » François Hollande n'avait-il pas déclaré, dès la présentation de son programme en tout début d'année, que son principal adversaire était, non pas le président sortant, mais « la finance sans visage » ? Et pourtant, entre une politique de gauche et une politique de droite, les marchés boursiers préfèrent a priori... la première. C'est du moins ce que montre une étude de David Le Bris, enseignant et chercheur à la Bordeaux Management School. Sous un gouvernement de gauche, la Bourse de Paris grimpe en moyenne de 5,9% par an, alors qu'elle progresse de 2,12% seulement lorsque la droite est au pouvoir. Une tendance qui se vérifie depuis 1871.

La Bourse monte durant les trois mois précédant un virage à droite du gouvernement

En réalité, les choses ne sont pas si simples. Au cours des trois mois précédant une élection susceptible de voir la droite ravir le pouvoir à la gauche, le marché parisien bondit de 9,6%, selon l'étude de Le Bris, les investisseurs tablant sur une politique plus favorable au monde des affaires. Un bond dont est en fait créditée la gauche, puisque c'est elle qui est aux manettes durant ces fameux trois mois précédant un changement de gouvernement. A l'inverse, la Bourse de Paris perd 7,4% au cours du trimestre qui précède un virage à gauche du gouvernement, la gauche étant considérée comme moins « business friendly. » La place parisienne a d'ailleurs cédé 4% entre le 20 janvier 2012 et vendredi dernier, les sondages donnant François Hollande vainqueur.

Les marchés ne sont pas plus enthousiasmés par Nicolas Sarkozy que par François Hollande

Retraitées de ces biais, les performances de la Bourse sont identiques sur longue période, que le gouvernement soit de droite ou de gauche. D'ailleurs, les marchés n'affichent aujourd'hui pas de préférence pour l'un ou l'autre des deux principaux candidats à l'élection présidentielle, selon Jean-Louis Mourier, économiste chez Aurel. Ce que veulent les investisseurs, « c'est une remise en ordre des finances publiques sans casser la croissance, une quadrature du cercle face à laquelle messieurs Hollande et Sarkozy n'ont aucune solution satisfaisante », assène Jean-Louis Mourier.