Le CAC 40 sous les 3.000 points annonce-t-il une descente aux enfers ?

Par Pascale Besses-Boumard  |   |  761  mots
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Pour la première fois depuis novembre 2011, l'indice phare parisien a terminé sous les 3.000 points. Toutes les places mondiales étaient également à la peine vendredi. Les investisseurs ne voient pas ce qui pourrait inverser la tendance à court terme.

D?où viendra le salut ? C?est un peu la question que se posent aujourd?hui tous les investisseurs, économistes, conjoncturistes et analystes boursiers. La question est d?autant plus préoccupante que le mouvement de baisse semble inexorable depuis le début du mois de mars. Vendredi encore, toutes les places mondiales étaient aux abois, enfonçant des "plus bas" de plusieurs mois. A Paris, le CAC 40 a franchi à la baisse le seuil symbolique des 3.000 points. Il a ainsi fini à 2.950,47 points, niveau qu?il n?avait pas connu depuis le 25 novembre 2011.

S?il avait déjà enfoncé ce seuil à plusieurs reprises ces derniers jours en séance, il s?était jusqu?à présent toujours repris en fin de journée . Cette barre constituant, manifestement un seuil chartiste que les investisseurs ne voulaient pas voir cassée. Mais l?afflux de mauvaises nouvelles de ces derniers jours a eu raison de cette résistance. Afflux qui ne ménage pas les autres places boursières puisqu?à Wall Street, la morosité a tout autant gagné les principaux indices qui ne progressent  plus que de quelques fractions depuis le début de l?année.

Les Etats-Unis était la seule raison d'espérer

Vendredi encore, les mauvaises nouvelles ont plu comme à Gravelotte. Entre les menaces d?une explosion de la zone euro, les chiffres du chômage en Europe et ceux des Etats-Unis, les investisseurs n?ont effectivement pas eu beaucoup de raison d?espérer une amélioration de l?environnement économique à court terme. Ces mêmes opérateurs ont surtout été « douchés » par les nouvelles en provenance des Etats-Unis. Pour l?heure, leur seule raison d?espérer était ce « frémissement » connu outre Atlantique. Sans s?apparenter à un véritable mouvement de reprise, il était vécu comme le socle d?un retournement de tendance et ce, essentiellement sur la base des statistiques mensuelles de l?emploi. D?où la déception de tous les intervenants lors de la parution des dernières statistiques et la chute concomitante de Wall Street.

Les entreprises irrémédiablement délaissées

Si salut il doit y avoir, il ne viendra certainement pas des entreprises. Depuis de longs mois les marchés semblent, en effet, laisser de côté les bonnes nouvelles émises par l?ensemble des sociétés. Que ce soit en Europe comme en Amérique du Nord, les investisseurs ne prennent plus vraiment en compte leu santé financière préférant arbitrer leurs positions en fonction des nouvelles macro-économiques. Evolution qui n?est d?ailleurs pas sans écoeurer les entrepreneurs qui se demandent ce qu?ils peuvent bien annoncer pour échapper à la sanction. Et peu à peu, les chefs d?entreprise se détournent del Bourse pour tenter de se financer. D?où le désarroi des banques d?affaires qui n?ont plus grand chose à se mettre sous la dent.

Le pire est à venir

En réalité, les spécialistes ne voient aujourd?hui aucune raison d?espérer quoi que ce soit. Ils sont même nombreux à penser que l?on est loin d?avoir connu le pire. Et ce, essentiellement en raison de leurs craintes sur l?évolution du dossier de l?euro et des dernières difficultés des banques espagnoles. Ne parvenant pas à chiffrer l?impact que pourrait avoir une sortie de la Grèce et des ses possibles retombées sur les autres membres, les opérateurs n?ont donc guère envie de se positionner sur tel ou tel dossier. D?où leur préférence pour des actifs ultra conservateurs. Comme des obligations françaises (les taux à dix ans ont à nouveau atteint des niveaux planchers historiques vendredi) ou la monnaie refuge par excellence : le dollar. A ce titre, l?euro a cassé le seuil de 1,24 dollar pour s?établir à 1,2322 dollar.

Une deuxième partie de l'année plus clémente ?

Maintenant que le seuil des 3.000 points a été cassé en clôture, les spécialistes sont extrêmement pessimistes sur l?évolution du CAC 40 à court terme. Du coup, il semble que l?on soit en train de vivre un mouvement radicalement opposé à celui de l?année passée qui avait vu les six premiers mois de l?année permettre à tous les indices mondiaux de se reprendre vigoureusement avant d?entamer une lourde chute à partir du mois d?août. Si les six premiers mois de 2012 s?avèrent assez calamiteux, peut-on espérer, du coup, une belle reprise pour la deuxième partie de l?année ?