Dette : forte tension sur les taux des pays du sud de l'Europe

Par latribune.fr  |   |  539  mots
(Crédits : Reuters)
Les taux des emprunts d'Etat des pays du sud de l'Europe se sont tendus en raison des incertitudes liées à la poursuite de l'accord sur le nucléaire iranien et l'incapacité de l'Italie à se doter d'un gouvernement stable.

Les taux d'emprunt des pays du sud de l'Europe se sont fortement tendus mardi sur fond d'aversion au risque, dans l'attente de la décision du président américain Donald Trump sur l'accord sur le nucléaire iranien. La géopolitique a en effet pesé sur les marchés financiers, inquiets de la décision du président américain, qui menace de démanteler l'accord signé en 2015 par Téhéran avec les grandes puissances (Etats-Unis, Chine, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne). Donald Trump devait en effet dire à 20h00 (heure de Paris) s'il rétablira ou non les sanctions américaines levées en contrepartie des engagements iraniens.

En attendant les annonces de Donal Trump

Dans ces circonstances, les investisseurs ont préféré bouder les actifs risqués, parmi lesquels les taux d'emprunt des pays jugés les moins solides de la zone euro. "Il y a une aversion au risque dans le marché obligataire. C'est un marché axé sur la qualité et qui vend tout ce qui est à risque", a commenté pour l'AFP Eric Vanraes, un gérant obligataire de la banque suisse Eric Sturdza. Pour ce spécialiste, "ce qui est regardé aujourd'hui, ce sont les annonces de Donald Trump sur l'Iran, car il y aura deux conséquences très importantes sur le pétrole et sur le niveau du dollar".

Alors que les Etats-Unis ont imposé de nouvelles sanctions économiques sur le Venezuela et menacent de faire de même avec l'Iran, les cours du pétrole ont atteint lundi leur plus haut niveau depuis novembre 2014, avant de se replier mardi.

La dette italienne a en outre été pénalisée par les incertitudes politiques minant la péninsule. Après deux mois de tractations, et faute d'accord sur une majorité parlementaire, le président italien Sergio Mattarella a en effet annoncé lundi qu'il allait proposer un gouvernement "politiquement neutre" pour diriger le pays jusqu'en décembre. "A l'intérieur de la zone euro, il y a des tensions sur les marchés les plus à risque, le marché le plus à risque étant l'Italie", a observé Eric Vanraes.

"L'arrêt du QE n'est pas inscrit dans le marbre"

Toutefois, a nuancé l'expert, alors que les derniers chiffres d'inflation en zone euro restent bas, "l'arrêt du QE (plan de rachats d'actifs par la BCE, ndlr) en septembre n'est pas inscrit dans le marbre". Dans ces conditions, le marché obligataire européen restait à des niveaux relativement bas.

À 18H00 (16H00 GMT), le taux d'emprunt à dix ans de l'Allemagne s'est un peu tendu à 0,561% contre 0,532% lundi à la clôture du marché secondaire, où s'échange la dette déjà émise. Le rendement de même maturité de la France a connu un mouvement similaire, à 0,806% contre 0,768%. Celui de l'Espagne a connu un mouvement de tension plus marqué, à 1,320% contre 1,276%, tout comme celui de l'Italie à 1,866% contre 1,759%.

En dehors de la zone euro, le taux d'emprunt britannique a dix ans s'est apprécié à 1,444% contre 1,400% vendredi, lundi ayant été fermé pour cause de jour férié. A la clôture des marchés européens, le taux d'emprunt à 10 ans des États-Unis montait, à 2,978% contre 2,950% lundi, à l'instar de celui à 30 ans, à 3,140% contre 3,123%. Le taux d'emprunt américain à deux ans s'établissait pour sa part à 2,505% contre 2,497%.