L'or victime d'un (petit) "flash crash"

Par latribune.fr  |   |  503  mots
Le volume concerné a grimpé à 1,8 million d'onces d'or en une minute (soit environ 56 tonnes!), un niveau qui n'avait pas même été atteint lors de l'élection surprise du président américain Donald Trump ou lors du référendum au Royaume-Uni qui avait vu le "leave" (quitter l'Union européenne) l'emporter.
L'échange de 56 tonnes de métal jaune en 1 minute à New York a fait décrocher brutalement les prix de l'once à Londres et a donné des sueurs froides aux traders de métaux précieux. Juste une grosse maladresse d'un négociant ?

( Article publié le 26 juin 2017 à 16:00, mis à jour avec clôture de Bourse à Londres)

Le cours de l'or a connu une baisse brutale à 9 heures ce matin à Londres, après l'échange d'un important volume sur le marché à terme de New York (Comex). Selon les hypothèses des traders spécialisés dans le précieux métal jaune, cet événement exceptionnel est probablement dû à un «gros doigt» (une maladresse de saisie au clavier) ou, dans le même ordre d'idées, d'un ordre de Bourse erroné.

(Graphique Bloomberg)

Le volume concerné a grimpé à 1,8 million d'onces d'or en une minute (soit environ 56 tonnes!), un niveau qui n'avait pas même été atteint lors de l'élection surprise du président américain Donald Trump ou lors du référendum au Royaume-Uni qui avait vu le "leave" (quitter l'Union européenne) l'emporter.

L'explication du "gros doigt"

A Londres, David Govett, responsable des métaux précieux chez le broker Marex Spectron, commentait ainsi cette anomalie:

"Personne n'a la moindre idée, à l'exception de l'individu malheureux qui a appuyé sur le mauvais bouton", a-t-il déclaré, ajoutant qu'un marché étroit (faiblesse des volumes échantés) et les transactions automatisées ont pu exacerber ces mouvements.

D'autres spécialistes penchaient plutôt pour le scénario du négociant qui a passé un ordre bien plus important que prévu ou qui a sous-estimé la capacité du marché à absorber autant d'or.

Environ 18.144 lots ont été échangés sur le Comex en une minute, avant de revenir à 2.334 lots une heure plus tard. L'or a chuté de 1,6% à 1.236,43 dollars l'once, le plus bas depuis le 16 mai. A 12h03 à Londres, il s'établissait à 1.242,52 dollar l'once.

Les transactions algorithmiques pointées du doigt

L'utilisation croissante des transactions algorithmiques pilotées par ordinateur a souvent été accusée de mouvements irrationnels sur les marchés financiers, connus sous le nom de crash flash, au cours des dernières années.

"Ces mouvements deviendront de plus en plus répandus avec la façon dont les choses se passent", a déclaré David Govett. "Plus souvent ils se produiront, pires ce sera, à mesure que les gens se retireront de leurs positions", a-t-il prévenu.

La baisse de la demande, chinoise notamment

Si l'on regarde les fondamentaux du marché aurifère, la demande s'affichait en baisse en mai. Notamment, de la part de la Chine, le plus grand consommateur mondial, qui a moins acheté depuis Hong Kong en mai. Selon les données du Département du recensement et des statistiques de Hong Kong compilées par Bloomberg, les achats de l'Empire du milieu ont reflué pour s'établir à 44,8 tonnes métriques, contre 74,9 tonnes en avril.

Ce soir, à la Bourse de Londres -qui a fini dans le vert comme ses homologues européennes-, le recul des cours du métal jaune a pesé sur les spécialistes de l'or : Fresnillo a ainsi fondu de 3,12% à 1.555 pence, tandis que Randgold reculait de 1,62% à 7.000 pence.

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(Avec Bloomberg, AFP, Reuters