Coronavirus : les marchés pas rassurés par l'intervention des grandes banques centrales

Par latribune.fr  |   |  611  mots
(Crédits : Ralph Orlowski)
La progression de l'épidémie, notamment en France, continue de plomber les marchés, pas rassurés par la baisse des taux de la Réserve fédérale.

Le rebond de vendredi - timide en Europe mais spectaculaire à Wall Street - n'aura pas duré bien longtemps. Bien au contraire, alors que l'épidémie du coronavirus continue de se propager très rapidement, les marchés boursiers européens ont plongé ce lundi, même s'ils ont comblé une partie de leurs pertes dans l'après-midi.

Après avoir perdu jusqu'à près de 12%, le CAC 40 a terminé la séance sur une chute de 5,8%, repassant sous la barre des 3.900 points pour la première fois depuis 2013. A Francfort, le Dax a lui baissé de 5,3%. Le Footsie londonien a abandonné 4,7%, alors que la Bourse de Milan a cédé 5,9% et celle de Madrid 8,2%.

A Wall Street, pour la troisième fois en une semaine, les échanges ont été suspendus pendant 15 minutes à l'ouverture. A 17h45, le Dow Jones chutait de 8,3%, le S&P 500 de 7,7% et le Nasdaq de 7,5%.

Plus tôt dans la journée, le Nikkei japonais avait laissé de 2,5% et le Kospi coréen avait reculé de 3,2%. La Bourse de Hong Kong avait perdu 4% et celle de Shanghai avait baissé de 3,4%. En Australie, l'ASX 200 s'était effondré de 9,7%, la pire chute de son histoire.

Action des banques centrales

Pourtant, les grandes banques centrales ont bien tenté de rassurer les investisseurs. Dimanche soir, la Réserve fédérale a de nouveau abaissé ses taux par surprise dimanche d'un point, les ramenant dans une fourchette comprise entre 0 et 0,25%. Elle a également annoncé l'achat de 500 milliards de dollars de bons du Trésor et de 200 milliards de dollars de titres hypothécaires.

Quelques minutes plus tard, la Banque centrale européenne (BCE) a officialisé une action concertée avec ses homologues américaine, britannique, japonaise, canadienne et suisse. Objectif: augmenter l'approvisionnement des marchés financiers en dollars. Et ce lundi, la Banque du Japon a décidé de nettement renforcer sa politique de rachats d'actifs, notamment de fonds indiciels négociés en Bourse.

La décision de la Fed "pourrait être catastrophique si la pandémie venait à se poursuivre car cela restreint les possibilités de la Réserve fédérale américaine pour rassurer les marchés", souligne Vincent Boy, analyste marché chez IG France. Le manque de liquidités fait craindre aux marchés de plus en plus une crise financière.

Mauvais chiffres en Chine

"La décision d'intervenir une nouvelle fois 3 jours avant la réunion officielle de la Fed laisse un bon nombre de questions sur l'état réel de la situation (sanitaire et économique). Y aurait-il un problème de liquidités dans le marché ?", s'interroge John Plassard, spécialiste de l'investissement chez Mirabaud.

Le Covid-19 a fait plus de 6.000 décès dans le monde, dont plus de 2.000 en Europe, devenue, selon l'Organisation mondiale de la Santé, l'épicentre de la maladie. L'Europe a renforcé ses barricades ce week-end, en imposant le confinement quasiment total dans plusieurs pays et en fermant de nouvelles frontières. Les Etats-Unis prennent le même chemin avec des écoles fermées, des bars, des restaurants et des casinos dorénavant portes closes.

Les marchés redoutent l'évolution de la pandémie aux Etats-Unis, qui représente un risque de récession. Le président de la Fed, Jerome Powell, a déjà prévenu que l'économie américaine serait "faible" au deuxième trimestre. La pandémie cause déjà de gros dégâts sur le front économique mondial. En Chine, la production industrielle s'est contractée pour la première fois en près de 30 ans tandis que les ventes de détail se sont effondrées.

 (avec AFP)