Faut-il mentir pour être recruté ?

Par Sophie Girardeau - Monster pour La Tribune  |   |  749  mots
Mentir sur son CV, ce n'est pas si grave, mais ça peut vous coûter cher si l'on découvre la vérité. | REUTERS
La recherche d'emploi peut parfois conduire les candidats à des petits aménagements de la vérité sur leur CV. Pas si grave, mais...
 

On assiste à une recrudescence de mensonges dans les CV. Elle est notamment due au fait que les entreprises sont de plus en plus pointilleuses sur les critères de sélection et les multiplient. Aux candidats soumis à la tentation de trafiquer plus ou moins le leur, ou, lors de l'entretien, de trop tordre la réalité de leur parcours, nous disons : ce n'est pas la solution, rectifiez le tir. Voici comment.

 

 

Sur un CV, les dates floues, le regroupement de plusieurs courtes expériences similaires en une seule, la gonflette de fonction, sont des trucages de plus en plus courants. Le mensonge peut aussi ne porter que sur une seule lettre : un candidat a été embauché en CDI, la période d'essai n'a pas été concluante et il a quitté la société au bout de trois mois. Pour ne pas passer pour un rigolo, un instable, il a noté CDD sur son CV. « C'est un petit mensonge, à condition que la raison de son départ soit audible pour un recruteur, c'est-à-dire valable et vérifiable », note Béatrice Louvet, directrice générale du Groupe Transition :

 

« Il existe des mensonges plus ou moins graves : mentir sur votre diplôme est une faute lourde. Si, en tant que comptable, vous annoncez un DCG alors que vous n'avez qu'un BTS, ça ne peut pas passer. Mais si vous avez noté DCG alors que vous n'avez qu'une seule UV, c'est, selon le niveau de tolérance de votre interlocuteur, acceptable, celui-ci peut se dire que c'est en cours »

 

De plus en plus de petits arrangements avec la vérité

 

Cette recrudescence de CV truqués est une mauvaise réponse à un phénomène poussé à son paroxysme : les entreprises, préférant des candidats qui vont coller à 2000% à une fiche de poste, qu'elles n'auront pas à former, immédiatement opérationnels, sont prêtes à se passer de ressources le temps qu'il faudra (quatre, cinq, six mois, un an parfois). Ainsi, de plus en plus souvent, pour un seul critère manquant, une candidature est écartée. Rien à voir donc avec ce qui se pratique dans les pays anglo-saxons où l'on table sur la volonté, le potentiel, la motivation, le talent, au lieu de faire un focus sur un diplôme ou un outil informatique. Dans ce contexte, « on sent que les candidats jouent le tout pour le tout pour y arriver », remarque Béatrice Louvet, d'où de « petits » arrangements avec la vérité. « Cela se développe car la précarité angoisse, alors, s'il faut ajouter le critère manquant pour être reçu en entretien... »

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Mauvaise réponse disions-nous plus haut, courte vue, mais, sur le conseil de connaissances, de proches, de professionnels pas si pros, vous vous êtes prêté à ce jeu qui peut coûter cher à votre réputation. La solution, puisqu'il y en a une, consiste à sortir du piège - exercice inconfortable mais nécessaire, car, vous le savez bien, mentir est une spirale qui vous éloigne de votre objectif.

Sortir du mensonge et adopter profil bas

 

 En entretien, vous évoquez votre licenciement économique mais c'est de licenciement pour faute dont il est question en réalité ? Rectifiez le tir, « mieux vaut assumer et donner votre version » que de vous discréditer car ce point est vérifiable lors d'une prise de références. Et puis, faute avouée est à moitié pardonnée dit le proverbe. Mais la carte honnêteté tardive « doit être amenée à un moment judicieux, quand le recruteur questionne le point sensible, vous n'allez tout de même pas lui avouer tout de go que votre CV est truqué », conseille Béatrice Louvet. Vous devez faire preuve de recul dans cette démarche, expliquer vos raisons de façon mature et être conscient que d'un interlocuteur à l'autre, l'accueil de l'aveu sera variable.

 

 
Si vous vous dites que votre méfait peut passer car la majorité des entreprises jouent la confiance, parce que vérifier auprès d'un ancien employeur est long, compliqué, aléatoire, sachez qu'elles détestent se faire rouler. La dirigeante de Transition conclut :

« Le jour où une entreprise s'aperçoit qu'elle a été abusée, on peut être licencié sur le champ, imaginez ce que cela donne ensuite en termes de références. Quant au recruteur en cabinet, ne comptez pas sur lui pour être votre complice, il joue son image, sa  crédibilité ».

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